Mouton Thône et Marthod

Description historique et zootechnique. 

"S'il vous fallait dessiner un mouton, choisissez le plus joli des ovins, celui de Thônes et Marthod. Avec ses "lunettes de soleil", sa laine généreuse, ses chaussons foncés, cette race savoyarde mérite reconnaissance"; (Rustica n°794 13- l 9/03/1985).

 La race qui a pris le nom de deux communes, l'une de Haute-Savoie: Thônes, et, l'autre de Savoie: Marthod, tire ses origines lointaines d'Europe Centrale et Méridionale avec la race Zakel. Des croisements effectués au gré des migrations humaines Est-Ouest, avec des races locales de l'Arc-Alpin et de la zone méditerranéenne sont à la source des types Thônes, et  Marthod. Parmi les races qui auraient marqué la Thônes et Marthod, on cite la Bergamasque (Lombardie et Piémont italien), bête de grande taille, robuste et lourde qui accompagnait les colporteurs et les transhumants transalpins.

Mentionnons l'existence de quelques races très proches de la Thônes et Marthod en Italie (Savoiarda, Rosset, Vicenza...), Autriche (Tyroler Bergshaf), Suisse (Nez-Noir du Valais), Grèce (Vlaque, Florina), Turquie (lmroz)... 

 L'isolement des vallées de l'Arc Alpin a contribué au long maintien de races très localisées. Ainsi, les rameaux de Thônes et de Marthod restèrent longtemps séparés. Les conditions d'élevage étaient souvent des plus rudimentaires. Il faut attendre 1927 pour voir la Thônes et la Marthod se confondre. Actuellement, un type " Maurienne" semblerait s'individualiser (taille plus élevée et étendue de laine moindre). Parce qu'elle n'était pas une race bouchère, la Thônes et Marthod fut petit à petit abandonnée: 32000 en 1932, 19000 en 1947, 2000 en 1975.

En  1975, un véritable travail de recensement a été entamé grâce, en particulier, à Monsieur Jean-Marie CHEVILLARD (Devenu en 1998, nouveau Président de l'Association des Eleveurs de la racé Thônes et Marthod) alors technicien ovin. Dès lors, la race est encadrée et suivie. Les effectifs vont raugmenter. En 1997, ont été dénombrés 55 élevages pour 3300 brebis. L'estive en alpage (Juin à Octobre) est encore pratiqué par beaucoup d'éleveurs avec ou sans surveillance. 

Standard (1996).

  • Race "enlevée" de taille et poids moyens (60/70 cm pour 55/75 kg). 
  • Tête fine avec oreilles entièrement noires, nez plus ou moins busqué avec museau noir. Le front a son toupet lainé caractéristique. 
  • Cornes (souvent large spirale projetée à l'horizontale) chez les deux sexes. Le caractère "motte" est admis. 
  • Laine longue, bouclée et tombante jouant son rôle d'isolant thermique. 
  • Extrémités des membres noires. 
  • Pour le type 'Maurienne",  la toison est moins étendue, le toupet lainé souvent absent, et, les taches noires plus étendues. 
  • La race est calme, familière, maternelle, peu grégaire, et, bonne marcheuse. 
  •  Prolificité: entre 150 et 170 % 
  • Bonne aptitude au désaisonnement. 3 agnelages en deux ans très fréquents. 

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    Les qualités laitières de la race sont connues depuis longtemps. La production moyenne par lactation placerait la race en deuxième position derrière la Lacaune (26 litres contre 188 litres). 

Pour en savoir plus

  • La Thônes et Marthod : historique, caractéristiques zootechniques et étude démographique. de Marianne Tl MM ERMANS-PHILIT - Mémoire de Fin d'Etudes - Oct1996 ISARA de Lyon et Union des Eleveurs de la race Thônes et Marthod. 
  • Genetic diversitv of EuroDean livestock breeds. D.L. SIMON et D. BUCHENAUER - EAAP Publication n°66, 1993 - Ed. Wageningen Pers. 
  • Rustica n°794 - 13-19/03/85. 
  • Races ovines. Gilles PERRET - ITOVIC 1986. 
  • Le mouton Thônes et Marthod par Jérôme GOUST Pour nos jardins n°145  P.S. Rappelons le rôle très important qu' a joué Monsieur Jean Marie TUPIN dans la relance de la race ovine Thônes et Marthod. 

 Le troupeau conservatoire gestion d'avenir.

 En 1997, un bélier a été acheté à Thônes par l'association FERME. L'animal a d'abord été placé chez M.Vincent GUILLEMI,N  qui, en 1995, commença l'élevage de la race en Meuse. Un agneau et trois agnelles sont nés début 1998 sur l'exploitation. Le bélier est aujourd'hui dans le Massif Vosgien chez M. CHABRIER Bruno à ORBEY-LES BASSES HUTTES où il saillira trois brebis déjà présentes sur le site. Début  Novembre 1998, Vincent GUILLEMIN rencontra M. CHEVILLARD le nouveau Président de l'Association des Eleveurs de Thônes et Marthod. Un nouveau plan de gestion de la race va de nouveau être élaboré. Les services de l'EDE devraient être sollicités afin de centraliser toutes les informations concernant la race (fichier éleveurs, connaissance des souches, des filiations...).
Il apparaît primordial que chaque éleveur de Thônes et Marthod, et, que les origines de chaque animal soit connus. L'Association FERME transmettra les informations qu'elle possède. Un courrier sera adressé à chaque éleveur-adhérent pour faire le point de l'état de sa population T. et Marthod

Quelque soit l'espèce ou la race, il est important de veiller au maintien de la variabilité génétique. FERME participe, à sa manière, grâce à son catalogue des adhérent-éleveur, ou à son fichier, à la circulation des animaux débouchant sur la création de nouveaux sites d'élevages.

Le Mémoire de Fin d'Etudes de Madame Marianne TIMMERMANS-.PHILIT nous apporte quelques affirmations intéressantes: "L'étude démographique de la race Thônes et Marthod a montré un nombre important d'échanges de reproducteurs. Cette pratique permet d'apporter de la variabilité génétique au sein du troupeau utilisateur mais l'apparente avec l'élevage fournisseur et éventuellement avec d'autres élevages.

Si l'apparentement entre élevages est fort, ces élevages sont consanguins et il y a perte de variabilité génétique. A plus grande échelle, c'est la race elle-même qui peut être mise en danger... Il est donc important d'évaluer l'apparentement qui existe entre les différents élevages pour permettre aux éleveurs d'optimiser la gestion de la reproduction de leur troupeau...

Les mesures visant une meilleure gestion de la race ne demandent pas la mise en oeuvre de gros moyens (humains et financiers). Il faut que les éleveurs soient motivés et aient envie d'arriver ensemble à maîtriser (notamment) la voie mâle à travers les échanges de béliers... Pour favoriser les échanges de reproducteurs, on ne saurait trop insister sur l'importance de la santé des animaux, du respect de la prophylaxie ovine et de l'information concernant les animaux (carnets d'agnelages bien tenus, origine des béliers, identification individuelle, durée d'utilisation...)."

Enfin, M. CHEVILLARD a évoqué la possibilité de contacter des organisations ou des associations étrangères afin de mieux connaître les races dites proches ou voisines à la Thônes et Marthod et envisager une arrivée de reproducteurs qui apporteraient du sang neuf à la race. Après la Nez-Noir du Valais, d'autres races pourraient participer à l'essor de nouvelles familles Thônes et Marthod.

  Vincent GUILLEMIN   Nov. 1998