Convention sur la protection des animaux de compagnie.


 

Un enfer pavé de bonnes intentions

(Daniel PIQUET)

Comment peut-on s'opposer au bien-être des animaux d'élevage ? Le respect dû à ceux que nous élevons est une évidence à laquelle on ne peut que souscrire et pourtant...

La France est sur le point de voter la ratification de la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des animaux de compagnie du 13 11 1987.

En Allemagne, qui l'a ratifiée  en 1992, l'utilisation de son article 5 a permis de  demander l’interdiction de races « handicapées » ou « torturées », c'est-à-dire, par exemple, le teckel et les bassets (pour cause de nanisme thyroïdien), des poules et coqs sans crête ou avec des plumes aux pattes, la Nagasaki (poule emblématique du Japon à pattes très courtes) et les chats blancs entre-autres. Pour les extrémistes qui ont porté l'affaire devant les tribunaux, seules les races qui pourraient survivre en pleine nature devraient être élevées.

Second volet de cette convention, les conditions d'élevage et de transport des animaux posent aussi de nombreux problèmes aux petits éleveurs aux ressources limitées ; ainsi, les éleveurs de veau sous la mère risquent de se voir interdire l'usage de la muselière qui empêche le jeune de manger la paille de sa litière ; ainsi, il ne se nourrit que de lait directement au pis, gage de qualité pour la viande. Ce sont 13000 éleveurs en zone difficile qui sont menacés. Pour les veaux en batterie élevés « hors sol », le problème ne se pose pas et ils mettront simplement 2 à 5 animaux sur 1,80 m² d'un sol en béton au lieu d'un animal dans une cage de 80 cm de large ; belle humanisation !!

Les éleveurs amateurs risquent aussi de se ruiner en frais vétérinaires et de transport ; alors que vous pouvez emmener Médor librement dans votre voiture, le transport de petits animaux d'élevage (basse-cour, chèvres) doit répondre à un cahier des charges professionnel qui rend, en pratique, le déplacement d'animaux impossible en respectant la loi. La nécessité de faire vacciner les animaux par un vétérinaire fait exploser les coûts quand son déplacement vaut plus cher que la bête ; par contre, si vous avez 33600 volailles (à 25 par m² !), le coût est raisonnable.

La sauvegarde des races anciennes d'animaux domestiques est le fait de petits éleveurs aux moyens limités qui aiment profondément leurs animaux ; ces races  rustiques, adaptées à des conditions d'élevage à taille humaine et à un terroir particulier sont un gage de qualité ; le maintien de cette diversité génétique est une nécessité pour la survie de l'élevage à long terme (la consanguinité affolante de l'élevage industriel actuel le rend très sensible à l'émergence de nouveaux agents pathogènes).
Alors que nous devrions nous réjouir de voir les conditions de vie des animaux d'élevage s'améliorer, on se rend compte que ce sont les éleveurs les plus soucieux du bien être de leur cheptel qui vont être victimes de cette réglementation qui pourra être encaissée sans dommage par les éleveurs industriels et leurs  usines concentrationnaires.
 
 
 
 
 
 

Convention sur la protection des animaux de compagnie.

(Daniel PIQUET)


Notre association a été contactée par une nouvelle structure, ProNatura*, qui est une émanation de la SCAF* et du CNEAPE* ; elle s'est mise en place pour contrer le projet de ratification de cette convention (voir éditorial), mais aussi (et surtout) pour clarifier les différentes problématiques liées aux différentes facettes de l'élevage.

Cet article est destiné à vous faire un résumé de ces travaux qui déborderaient largement la pagination de ce journal ; ils sont consultable sur le site internet de l'association (http://www.chez.com/ferm), à ProNatura, voire, à l'extrême limite, sur demande écrite à FERME, moyennant un chèque de 5 € pour couvrir les frais de tirage et de port (il y a 33 pages !).
 

Bilan de la convention

Il s'agit, pour faire simple, d'un catalogue de mesures à priori de bon sens et généreuses mais très floues ; ce flou, comme on le voit en Allemagne, permet à certains extrémistes de former de multiples recours contre des éleveurs, des organisateurs de salons etc.
Même si la Justice finit par donner tort aux plaignants, cette guérilla juridique usante peut conduire à jeter l'éponge et à arrêter l'élevage de certaines races ... qui disparaîtront aussitôt.
Le législateur laisse ainsi la  Justice créer le droit, ce qui peut donner des résultats imprévisibles en fonction de l'interprétation,  par le juge, de textes imprécis.
 

Propositions de ProNatura


LES CONTRATS DE SAUVEGARDE DES ESPECES RARES PAR L’éLEVAGE (C.S.E.)
Destinés à pérenniser l'élevage de races rares, tout en assurant la qualité de vie des animaux, ils concernent les variétés domestiques (CSE domestique) et les animaux d'espèces sauvages élevées et reproduites en captivité (CSE non domestique).

L'objectif du premier est de


Le second y ajoute la nécessité de bien se démarquer des trafics d'animaux sauvages prélevés dans la nature et de s'inscrire dans la démarche de reconstitution des populations naturelles quand cela est possible ; il propose :

Action de sensibilisation des députés

ProNatura a préparé un dossier à remettre à son député, si possible à la suite d'un rendez-vous. Il contient :


FERME a décidé de relayer cette action et vous tiendra informé de son évolution ; notre association ayant des adhérents dans la France entière (et même ailleurs), nous pouvons toucher un grand nombre de députés de zone rurale notamment, ce qui peut aboutir à une prise de conscience de la part de nos élus qui peuvent en toute bonne foi ne pas avoir vu le problème.

Une discussion directe avec un élu où vous développerez les arguments qui vous tiennent à coeur, sera incomparablement plus efficace que l'envoi d'un dossier par la poste ; n'hésitez pas non plus à aller voir votre maire, votre conseiller général en lui demandant de relayer votre propos. C'est le nombre de contacts et non pas le nombre de personnes concernées qui donne du poids à une action envers les élus.
Tenez-nous au courant de vos actions.
 
 
 
 
 

LA FACE SOMBRE DE LA CONVENTION EUROPEENNE POUR LA PROTECTION DES ANIMAUX DE COMPAGNIE


(ProNatura)




La Convention Européenne de Protection des Animaux de Compagnie du Conseil de l’Europe semble être l’une des pierres angulaires de ce mouvement de fond d’une plus grande compassion envers les animaux, mouvement appelé de leurs vœux par tant d’associations qui disent œuvrer pour le bien-être des animaux .

Quel néophyte en lisant ces lignes  généreuses pourrait penser à mal ?
La Convention n’est-elle pas  simplement  l’une de ces déclarations de « bonnes intentions », qui en rappelant que les animaux ont des droits, protégeraient l’Homme contre ses mauvais penchants ?
 

N’est ce pas oublier un peu vite que toute déclaration est porteuse d’une conception philosophique particulière ?
N’est ce pas oublier un peu vite qu’au delà du contenu, il faut se demander quelles étaient les personnes physiques qui ont participé à son élaboration, et avec quels buts ?
N’est ce pas oublier un peu vite que la "protection animale"n'est pas composée que de "gentils". Elle n'est pas une et uniforme. Des utilitaristes jusqu'à ceux qui rêvent d'un monde entièrement végétarien, elle recouvre toute une gamme de courants, que l'on pourrait ranger, comme l'a très bien démontré le philosophe Luc Ferry, soit dans la mouvance de l'écologie réformiste (ou shallow ecology) soit dans la mouvance de l'écologie profonde ou extrême (deep ecology).
 
 

I-   Une conception philosophique pas si innocente que ça .
 

Le thème de la « protection animale » est au cœur d’un débat de société.

Or, dix ans après l’appel de Heidelberg, nous constatons une grave dérive de la protection animale vers les thèses des tenants de la « libération animale » ou de l’antispécisme.

Si une réflexion conduisant à une protection juste et équilibrée des animaux était nécessaire, la radicalisation et les dérapages successifs de nombreux mouvements qui se sont  autoproclamés « protecteurs des  animaux » sont devenus une lourde menace pour les quelques millions de  particuliers européens qui ont pour violon d’Ingres la sauvegarde bénévole d’animaux domestiques ou non domestiques en voie de disparition par l’élevage ; et à moyen terme pour la société et les animaux eux mêmes.

La protection animale est elle une notion univoque ? Abreuvée de documentaires animaliers qui présentent toujours une nature douce et idéale, cette idée s’impose comme une évidence à l’opinion publique.
Et pourtant, il n’y a pas une mais deux conceptions de la protection animale.

D’un  côté, une majorité d’associations, qui sont souvent une émanation de mouvements anglo-saxons exigent que l’animal soit reconnu en tant que « sujet de droits ».
D’après elles, tous les êtres vivants (hommes, animaux, plantes) sont égaux en dignité.
Ces associations représentent une minorité de citoyens, mais elles sont efficaces car elles maîtrisent parfaitement les méthodes de communications et harcèlent les hommes politiques et les ministères grâce à des grandes campagnes de lobbying.
Derrière des idées en apparence généreuses se dissimulent souvent des personnes ou des théories très radicales. Si vous lisez leurs revues, vous verrez qu’elles ne se cachent pas de vouloir « libérer les animaux de l’exploitation des Hommes » et d’imposer le végétarisme « seul comportement alimentaire moralement acceptable ».

Mais elles savent très bien qu’elles ne pourront imposer leurs idées par le suffrage universel, aussi elles emploient un moyen détourné efficace : faire signer aux hommes politiques des textes juridiques qui contiennent des dispositions tellement floues qu’ils ne se doutent pas du tout des dérives et des graves conséquences que cela pourra engendrer.

Avant de quitter son poste de Ministre de l’Agriculture, Jean Glavany a annoncé avoir ratifié au nom de la France la Convention Européenne pour la Protection des Animaux.
Cette Convention élaborée par le Conseil de l’Europe en 1987 porte une vision radicale et anthropomorphiste de la protection des animaux, qui n’était pas jusqu’à présent celle du droit positif français.
Tout cela procède d’un mouvement de fond et d’un vœu qui n’est pas le nôtre : passer de l’anthropocentrisme des Lumières à une vision écocentriste du Monde où l’idée de contrat naturel remplace le contrat social. Ce courant libertaire, dans son avatar écologiste, enterre toute une tradition humaniste, selon laquelle l’homme est le seul sujet de droit, pour ériger la Nature en partenaire à part entière du nouveau contrat.

Si la convention citée plus haut n’avait pas été ratifiée pendant une aussi longue période : ce n’était pas un hasard.
Nombreux avaient été les scientifiques, vétérinaires et spécialistes de l’élevage amateur ou professionnel a avoir attiré l’attention des pouvoirs publics successifs sur les dangers et le caractère irrationnel ou/et fortement discutable de certaines de ses dispositions, notamment le fait que cette convention met en application les thèses de l’ « écologie profonde » sur les soi-disant « races torturées ».

La législation protégeant les animaux est déjà dense .
Quelles nouveautés apporte donc une telle convention par rapport aux textes déjà existants ?

A priori aucune. Mais a priori seulement.
Car si certaines associations ont tellement poussé, à coups de grandes campagnes de lobbying, les hommes politiques à ratifier une telle convention, c’est qu’en vérité, elle leur offre de très nombreux nouveaux champs d’actions, par la voie du procès notamment, pour arriver à imposer pour l’animal, ce qu’elles appellent « un statut plus conforme à sa nature d’être sensible », c’est à dire imposer la notion d’animal « sujet de droit ».
La Convention du Conseil de l’Europe, mal employée pourrait donner lieu à toutes les dérives….. que nous allons détailler ci après.
 
 
 

II. Un champ d’application large et flou révélateur de l’option anti NAC de la convention.

Dans son article 1.1, la convention définit l’animal « de compagnie » de la manière suivante « on entend par l’animal de compagnie tout animal détenu ou destiné à être détenu par l’homme, notamment dans son foyer, pour son agrément et en tant que compagnon ».
 Elle reprend donc à son compte la distinction manichéenne occidentalo-urbaine selon laquelle il n’y a que deux types d’animaux : l’animal inférieur que l’on mange dit de « rente » et l’animal supérieur que l’on ne mange pas et qui serait donc de « compagnie ».
Opposer ces deux types d’animaux est une solution particulièrement néfaste qui sera lourde de conséquences pour l’avenir . En effet, beaucoup d’animaux, notamment les animaux nains (chèvres naines, vaches naines, lapins nains) cassent ces frontières artificielles puisqu’ils peuvent entrer dans l’une et l’autre de ces catégories.
De plus, certains ultra-végétariens souhaiteraient faire glisser au fur et à mesure un maximum d’espèces animales du statut d’animal de rente au statut d’animal de compagnie.
Ainsi, plusieurs mouvements s’appuyant sur ce statut demandent que l’on interdise de manger du cheval, qui serait d’après eux exclusivement un animal de compagnie.

La Convention dit : « notamment dans son foyer », ce qui signifie à contrario que l’animal de compagnie peut donc également être détenu hors de son foyer. Qu’en est-il des animaux détenus pour l’ornement comme de très nombreuses espèces de canards, paons, faisans, grues ou oiseaux de volières ?
Certes, ils sont là pour l’agrément qu’ils apportent à la vie de l’heureux  « propriétaire », mais sont-ils des compagnons ? Ils ne viennent pas se frotter pour se faire caresser au premier coup de sifflet. De plus, il n’est pas exclu de les manger. Si la Convention reste volontairement imprécise, c’est qu’elle est bien obligée de reconnaître que depuis la fin du 19° siècle et surtout avec le progrès de la rapidité des transports depuis 1945, l’Homme s’est mis à domestiquer avec succès une grande quantité de nouvelles espèces.
Mais comme elle déplore cet état de fait, elle cherche à étendre ces dispositions très contraignantes au maximum d’espèces afin de gêner le plus possible la possession de Nouveaux Animaux de Compagnie. (NAC).
 Un débat éthique concernant la possession de certaines espèces (notamment celles pouvant être dangereuses pour l’Homme : serpents venimeux, scorpions) était sans doute nécessaire.
Mais le danger était de donner raison aux tenants de l’écologie extrême qui condamnent toute domestication de nouvelles espèces, (et pour certains le processus de domestication lui même).
Il ne faut pas oublier que si les écologistes intégristes avaient existé il a 12 000 ans et interdit la domestication du loup, nous n’aurions pas aujourd’hui de chiens. Il ne faut pas oublier non plus que des centaines d’espèces aujourd’hui en voie de disparition dans la Nature sont considérées comme définitivement sauvées grâce aux éleveurs amateurs du monde entier qui les font se reproduire et se les échangent par centaines chaque année.
Cependant, les écologistes les plus intégristes nient farouchement cette vérité et accusent même dans leurs livres les particuliers européens qui élèvent ces animaux d’être à l’origine de leur disparition dans la Nature. Or cette accusation est très facile à renversée et vole en éclats sous le poids de deux faits: un fait historique et un fait économique . Un fait historique tout d'abord : tous les oiseaux (et les animaux) considérés aujourd'hui comme "domestiques" ont été à un moment donné de l'histoire des animaux "exotiques".
La pintade importée d'Afrique au 15ème siècle était alors un oiseau "exotique". Le dindon importé massivement d'Amérique au 17ème siècle était alors un oiseau "exotique". Toutes les importations ont cessé lorsque les éleveurs européens ont su maîtriser leur élevage, les reproduire en grand nombre et ainsi répondre à la demande intérieure (qui existe et existera toujours). Ce mouvement est continu.
Les espèces qui étaient encore considérées comme "difficiles" après guerre sont aujourd'hui élevées en grand nombre et on n'a plus besoin d'en importer. Pour ne citer que les oiseaux, les espèces qui n'ont plus besoin d'être importées se comptent par centaines. On citera de manière non exhaustive la famille des "inséparables", les canards mandarins, sarcelles à collier,pilet des Bahamas, perruches splendides , perruches de pennant, diamant de gould, etc, etc....
Un fait économique ensuite: qui pourrait être assez stupide pour croire qu'il est rentable d'importer illégalement d'Australie une perruche omnicolore par exemple, alors qu'on en trouve en Europe au prix de 180F. Le coût du transport serait largement supérieur  au bénéfice de la vente.
La vérité est toute autre: la première cause de disparition de ces espèces dans la nature est la destruction des milieux dans lesquels ils vivent du fait du développement humain et de l'explosion démographique. Cela est d'ailleurs reconnu par les associations écologistes elles-mêmes .

La libération des "dominés", (prolétariat, femmes, .....) est un autre grand  thème récurrent sur lequel il est aisé de plaquer des idées toutes faites. En France, la principale organisation qui s'est systématiquement portée partie civile contre les éleveurs amateurs qui voulaient vendre les jeunes nés dans leur élevage pour payer la nourriture (souvent onéreuse) des parents et également éviter la surpopulation dans leur volière, afin de garantir le bien-être de leurs animaux (aurait-on idée de se porter partie civile contre des agriculteurs qui voudraient vendre leurs vaches; c'est exactement la même chose), dit défendre "L'oiseau libre". L'adjectif "libre" n'a rien d'innocent. Si l'on défend "l'oiseau libre", c'est donc qu'on est contre l'"oiseau prisonnier".
C'est précisément l'excès de sensibilité qui est l'arme la plus terrible de l'écologie profonde.
Ainsi, les protecteurs les plus intégristes ont réussi, en jouant sur les sentiments des personnes, à faire passer petit à petit dans l'esprit du grand public, l'idée qu'un oiseau en cage est "malheureux". Et ils ne se sont pas privés d'utiliser des associations simplistes en parcourant ce champ lexical. "La cage a des barreaux, donc c'est une prison. L'oiseau y est enfermé et par conséquent malheureux. Or il n'a rien fait de mal pour être là, donc ceux qui l'y ont mis sont des criminels, et il faut absolument relâcher l'oiseau dans la Nature.".
Se conjuguent ici, à nouveau, deux phénomènes : l'anthropomorphisme et la méconnaissance du grand public qui ignore la différence entre l'oiseau sauvage et l'oiseau domestique.
Pour l'oiseau domestique élevé depuis des générations et des générations par la main de l'Homme, la cage n'est bien évidemment pas une prison : c'est sa maison, il s'y sent bien, il s'y sent en sécurité. Et la meilleure preuve est que lorsqu'on lui donne la possibilité de sortir dans la pièce où se trouve la cage, il ne tarde pas à y rentrer, et y dort toujours la nuit. C'est bien évidemment lâcher l'oiseau dans la nature qui serait criminel car il ne trouverait pas sa nourriture et mourrait.
De plus l'argument de la souffrance ne tient pas. Tous ceux qui ont déjà élevé des oiseaux savent qu'un oiseau malheureux (parce qu'il  a perdu son conjoint ou parce qu'il n'a pas une alimentation correspondant à ses besoins) et affaiblit, se met en boule et meurt. Nos oiseaux sont plein de vie, plein de gaieté et ils apportent cette gaieté au foyer. C'est la raison pour laquelle 15 millions d'entre eux ont déjà été adoptés par les familles françaises.
"Un oiseau domestique serait malheureux car il serait privé de liberté.".
Une telle ineptie est facile à démonter en posant cette question : est-ce que des chevaux ou des moutons "enfermés" dans un pré sont malheureux ? Est-ce qu'un chat ou un chient "enfermé" dans votre maison ou votre propriété est malheureux ?
La vérité n’est elle pas plutôt : tout dépend de la façon dont vous vous en occupez  !
Ce qui est vrai c’est qu’un oiseau né dans la Nature, et prélevé dans la nature pour être placé dans une petite cage se heurterait sans cesse aux barreaux et serait certainement malheureux. Il vaudrait mieux pour lui une grande volière. Pour faire cesser les prélèvements dans la Nature, il y a qu’une solution : favoriser l’élevage amateur d’oiseaux afin que la majorité des oiseaux proposée à la vente soient nés en élevage, soient sociabilisés et parfaitement adaptés aux conditions de vie, et de nourriture que nous pouvons leur offrir en Europe.

La Convention souligne dès son préambule que la détention de spécimens de la faune sauvage, en tant qu’animaux de compagnie, ne devrait pas être encouragée. Et elle insiste dans son article 14 pour que des programmes d’information et d’éducation appellent l’attention du grand public sur les « conséquences négatives éventuelles, pour la santé et le bien-être des animaux sauvages, de leur acquisition ou introduction en tant qu’animaux de compagnie ». Le non spécialiste ne peut rien trouver à redire à cela. Le problème est que la Convention ne donne pas (volontairement) de définition à l’animal sauvage.
Et c’est là précisément où réside le danger.

En effet, en France, pour pouvoir faire des procès aux éleveurs, les écologistes extrémistes ont réussi à faire passer dans la réglementation leur propre définition de l’animal sauvage.
On la trouve aux articles R 211-5et R213-5 du Code Rural : « appartiennent à des espèces non domestiques les animaux n’ayant pas subi de modification par sélection de la part de l’Homme ».
Ainsi, suivant cette définition stupide, la pintade que l’on trouve dans toutes les fermes de France et qui n’a subi aucune modification de forme, de couleur, etc, par rapport à celle que l’on peut trouver dans la savane en Afrique, est un animal sauvage…
Pour les écologistes extrémistes : non domestique = sauvage.

La Convention de Washington du 3.3.1973, qui est un texte excellent et nécessaire a prévu le processus de domestication : « Tout spécimens d’animal appartenant à la deuxième génération étant né et élevé en captivité (…) est considéré comme relevant du niveau immédiatement inférieur à celui dont bénéficie son espèce et peut donc faire l’objet d’un commerce international. Il est soumis à un régime identique à celui d’une espèce appartenant à l’Annexe II. » . Pourtant la France s’obstine à ne pas respecter ce processus sous prétexte qu’on ne peut pas faire la différence entre un animal sauvage et un animal né et élevé en captivité. Cela est faux. Il existe une identification inviolable qui apporte une preuve incontestable de l’origine d’élevage des oiseaux : c’est une bague fermée, avec le numéro de l’éleveur, le club ,l’année et le numéro de l’oiseau que l’on passe dans la patte de celui-ci lorsqu’il est bébé. Puis, la patte grossit et on ne peut plus la retirer. Mais la réglementation française s’en moque, elle ne reconnaît pas la bague fermée comme étant un moyen de preuve.
Peu importe, pour elle et grâce à la définition plus haut, tous vos oiseaux sont sauvages et puisque vous détenez ou cédez des oiseaux considérés comme sauvages (alors qu’ils sont nés et élevés en captivité depuis des dizaines de générations), ce qui est interdit et passible de 6 mois de prison et de 60 000 F d’amende, vous êtes donc forcément un délinquant et trafiquant.

Et voilà comment les écologistes extrémistes ont crée de toute pièce le mythe de grand nombres de trafiquants se livrant en France à un commerce juteux. Et aussi se porter partie civile, demander des dommages  et remplir les caisses de leurs associations.

Cette position extrémiste de la France a été condamnée par un arrêt du 8 février 1996 de la C.J.C.E. qui a précisé que « les espèces nées et élevées en captivité ne sont pas des espèces sauvages » et ne sont pas concernées par les interdictions définies par la directive oiseaux de 1979. La C.J.C.E. a mis en valeur le critère du lieu de naissance : sont des animaux sauvages les animaux qui sont nés dan la Nature.

Il est à craindre que malgré la définition de la C.J.C.E., les autorités continuent à appliquer la définition française de l’animal sauvage, qui permet de rendre impossible la détention légale de la plupart des N.A.C.. Objectif à peine voilé de cette convention qui peut être utilisée comme une arme anti-N.A.C. (notamment par l’intermédiaire du procès).
 

III. Les possibilités de multiplier les procès contre les soi-disant « ennemis des animaux » désignés par les autoproclamés « défenseurs des animaux ».

Plus un texte réglementaire est imprécis, plus l’insécurité juridique est grande.
Si un texte juridique est flou, il peut être interprété de façon très différente par des juges divers. Il y a donc rupture d’égalité entre les citoyens puisque pour des mêmes faits, Mr. Untel pourrait être relaxé à Strasbourg et condamné à Pau. On ne risque rien de tenter d’accuser parce que finalement, ça peut marcher.
De très nombreuses associations dîtes de « protection » sont passées maître dans l’art de multiplier les procédures judiciaires. En Hollande par exemple, Offensive écologique, l’association pour laquelle travaillait et militait Volkert van der Graaf, le végétarien assassin de Pim Fortuyn avait depuis 1992 lancé plus de 2200 procédures contre ceux qu’elle pensait être des « ennemis des animaux »(éleveurs, particuliers, etc …)

Mais pour lancer des procédures encore faut-il avoir une base juridique qui permette de le faire. Or par son imprécision, la Convention du Conseil de l’Europe représente une base idéale. Dans trois domaines au moins.

A- Qui jugera de la conformité des élevages au besoins des espèces ?

L’article 4.2 stipule notamment que « toute personne qui détient un animal de compagnie ou s’en occupe doit lui procurer des installation (des soins et de l’attention) qui tiennent compte de ses besoins éthologiques conformément à son espèce et à sa race, notamment (b) lui fournir des possibilité d’exercices adéquats.
Prenant aux mots l’article 4 la branche fondamentaliste des écologistes réclament désormais
en Allemagne que les lapins ne soient plus élevés dans des clapiers mais dehors dans des garennes. Tout éleveurs sait que l’élevage en garenne ne permet pas de suivre individuellement chaque animal et de lui donner des soins adéquats. Et qu’il comporte de grands dangers au plan sanitaire.
Qui jugera de l’adaptation des installation aux besoins d’une espèce ?
Les juges au coup par coup lorsqu’ils seront saisis par des associations de « protection » ? (pour faire condamner tel ou tel particulier) ?
Il y aura toujours des fanatiques pour prétendre que les poissons sont nécessairement malheureux en aquarium et que les oiseaux sont malheureux en cage.
Seront-ce les Comités départementaux de protection animale qui offriront  de vastes tribunes à certaines associations largement sur-représentées ?

Dans les pays démocratiques, la liberté est le principe et l’interdiction l’exception.
En France, pour élever des animaux, c’est le contraire. C’est l’interdiction qui est la règle ; pour élever il faut demander à l’administration une autorisation, c’est-à-dire une dérogation toujours précaire et révocable.
Bref, les pouvoirs publics ont trouvé la solution pour « tenir » les éleveurs et leur faire faire ce qu’ils veulent : ils les menacent simplement de leur retirer leur « autorisation ».
Et la Convention, parce qu’elle porte une vision anthropomorphiste de la protection animale, en rajoute encore une couche en assurant dans son article 4.3 qu’ « un animal ne doit pas être détenu en tant qu’animal de compagnie si
a)les visées au paragraphe 2 ci-dessus ne sont pas remplies ou si,
b)bien que ces conditions soient remplies, l’animal ne peut s’adapter à la captivité. »

Tout cela est totalement subjectif et peut prêter à toute les dérives .
Il existe déjà des pseudo-scientifiques qui soutiennent que les enfants ne devraient pas avoir de rongeurs (cobayes, hamsters, souris, etc.) car ceux –ci ont une vie nocturne, que les enfants les dérangent, ou qu’ils ne peuvent pas s ‘adapter à la captivité parce qu’on les prive de creuser des tunnels sous la terre….
Inutile de vous dire quel profit ils tireront d’une telle convention.

Ces menaces ne sont pas qu’une vue de l’esprit .
Il suffit de regarder ce qui s’est déjà passé pour le foie gras.
Dans un premier temps, les grandes associations ont obtenu que la directive européenne 98/58/CE du 20 juillet 1998 consacrée au bien-être des animaux en élevage, reprenne certaines phrases qu’elles proposaient, du style : « Les Etats membres adoptent les dispositions pour que les propriétaires ou détenteurs prennent toutes les mesures appropriées en vue de garantir le bien-être de leurs animaux et afin d’assurer que lesdits animaux ne subissent aucune douleur, souffrance ou dommage inutile ».

Quel homme politique aurait pu se méfier de termes aussi vagues et généreux ?
Dans un deuxième temps, certaines associations s’appuyant sur cette base juridique ont essayé de mettre en bas la production de foie gras en alléguant qu’une telle pratique était directement source  de souffrances et de dommages inutiles.
La ligue française des droits de l’animal va encore plus loin et apparente le gavage, parce qu’il est « répétitif et prolongé et qu’il se fait en toute connaissance de cause », à des sévices graves . (cf Le Monde 17 mai 2002). Les procédures judiciaires contre les éleveurs sont alors possibles devant un tribunal pénal car l’article 521-1 du Code pénal français punit de 6 mois de prison, 50.000 francs d’amende, les sévices graves et actes de cruauté sur animaux.

Pour l’instant, le gouvernement français résiste à l’Europe, car si le foie gras disparaissait , ce serait toute l’économie du sud ouest qui serait ruinée.
En revanche, parce qu’ils n’ont pas ce poids économique, le gouvernement français n’a pas hésité à céder à certains « protecteurs » très radicaux et à s’en prendre aux éleveurs amateurs sur le thème des interventions chirurgicales et des soi disant « critères esthétiques arbitraires ».

B- Interventions chirurgicales et « chirurgie  esthétique ».

On peut aisément comprendre le caractère excessif des revendications des écologistes fondamentalistes en ce qu’ils ne cherchent pas une réglementation juste et équilibrée, mais visent systématiquement l’interdiction (interdiction de l’expérimentation sur animaux, interdiction des manteaux de fourrures, etc .).
La convention du Conseil de l’Europe qui ne fait que reprendre leurs revendications, s’aligne de même sur la position la plus radicale : l’interdiction.
Ainsi l’article 10.1 de la convention précise que : « Les interventions chirurgicales destinées à modifier l’apparence d’un animal de compagnie ou à d’autres fins non curatives doivent être interdits et en particulier :
a.la coupe de la queue
b.la coupe des oreilles

Motif : cela fait souffrir les animaux.
N’importe quel vétérinaire ou éleveur pourra vous prouver que si cela est fait dans les règles de l’art, il  n’y a aucune souffrance.
Désormais, les caniches auront une queue longue et les dobermans, boxers, etc., les oreilles baissées. Les laisser tels qu’ils étaient connus et perçus avec sympathie par le grand public, était-il vraiment préjudiciable pour l’avenir de la Planète ?

Dès lors, on est en droit de se poser une question : si les écologistes intégristes ont raison et que ce qu’ils appellent « chirurgie esthétique  pour animaux » est d’une pure futilité et doit être interdite, pourquoi n’interdit-on donc pas la chirurgie esthétique pour les Humains ?

Dans une récente publication préélectorale, destinée à convaincre le grand public de tout ce qu’avait fait le Ministère de l’Agriculture pour répondre aux demandes des « protecteurs des animaux » , l’Administration n’a pas hésité à dire que les races d’animaux ne devaient plus suivre des critères esthétiques arbitraires.
L’Administration nous avait rarement habitué à une telle sottise : tout critère esthétique est par définition arbitraire, puisque subjectif.
Il s’agit du premier dérapage d’envergure qui en annonce un autre beaucoup plus inquiétant développé ci après (IV- le débat relatif aux races soi-disant « torturées »).

C- Interdire l’éjointage : un moyen de rendre impossible l’élevage des canards et des oies.

S’appuyant sur la convention européenne de protection des animaux, qui leur offre de très nombreux nouveaux champs d’actions, les protecteurs radicaux essaieront, par exemple, en vous arrachant des larmes des yeux, de vous convaincre d’interdire l’éjointage des canards en vous disant qu’il s’agit d’une intervention chirurgicale de convenance ou d’une mutilation. Tous les scientifiques vous diront le contraire : pratiqué à la naissance, il s’agit d’un acte indolore et surtout d’un acte responsable qui vise à éviter la « pollution génétique » : sans lui, tous les canards d’ornement et domestiques de ferme s’envoleraient dans la nature et iraient s’accoupler avec des espèces sauvages, ne produisant plus que des hybrides et remettant en cause l’intégrité et l’existence même de l’espèce sauvage. Sans éjointage, il n’y a plus d’élevage de canards possible.
Les Hommes politiques ne le savent pas, mais les écologistes extrémistes, eux, le savent très bien, et emploient toujours des moyens détournés pour arriver à leurs véritables buts.
Ils sont en train d’employer le même stratagème pour lancer l’odieux débat sur les races soi-disant « torturées ».
 

IV- Les soi-disant races « torturées »

C’est un débat que nous connaissons encore peu en France, du moins dans les médias à grand tirage, alors que ce combat fait rage dans les pays nordiques anglo-saxons.
Dans un discours, Jean Glavany a repris une des phrases de nos adversaires : « la sélection devra éviter la transmission de défauts génétiques pouvant altérer le bien-être ou la santé des animaux. ».
Cela nous désespère. Qu’est ce qu’un défaut génétique ? : cela prête à toutes les dérives.
Il va arriver ce qui est en train d’arriver en Allemagne : la branche fondamentaliste des écologistes, s’appuyant sur l’article 5 de cette convention et d’autres textes juridiques,  a fait pression sur ses alliés socialistes pour qu’un maximum de caractéristiques physiques tels que par exemple pour les volailles et oiseaux : plumes sur les pattes, huppe, yeux rouges, pattes courtes, barbes, etc,    soient qualifiés de défauts génétiques.
D’après eux, ces races seraient dotées de handicaps qui les feraient souffrir. Ils ont demandé l’interdiction d’élever ces « handicapés ».Notons le scandale que cela soulèverait si cette demande était transposée aux Hommes.
Dans les livres qu’ils mettent à la disposition du grand public, on peut lire des affirmations radicales telles que celles-ci :"Il existe, une centaine de races de chiens, de chats, de poissons, d'oiseaux, de lapins, de chevaux, et d'autres animaux affligés de caractéristiques anatomiques qui font de la vie des bêtes un véritable cauchemar. Il est parfois difficile en les regardant, de reconnaître leurs ascendants tellement elles sont déformées par la sélection artificielle et les manipulations génétiques. Plus un animal domestique s'éloigne de son ancêtre d'origine, plus il devient en général malsain physiologiquement et psychologiquement et plus il en souffre".
Ou encore : "Les pattes postérieures des petits chiens comme le caniche, le poméranien, le shih-tzu ou le bichon maltais sont tellement déformées que la rotule , l'os du genou, sort de son articulation au moindre faux mouvement".

Aujourd’hui, les « critères de souffrance », c’est à dire les soi-disant « défaut génétiques » sont tellement larges que 70% des races rares ou anciennes que nous élevons sont concernées.(en plus des chiens et des chats).

Si cette conception extrémiste de la protection animale est appliquée, 70% des vieilles races de terroirs que nous avions sauvées de l’extinction de façon désintéressée, disparaîtront définitivement.

Pour être clair, on peut parler par image : lors de la révolution « culturelle » en Chine, des milliers de vases, porcelaines et œuvres d’art ont été brisés et saccagés, des monuments détruits. Aujourd’hui, on réalise l’erreur qui a été faite, mais il  est trop tard , et il ne viendrait à l’idée de personne de détruire ce « patrimoine national ». Eh bien ce qu’il va se passer avec les anciennes races d’animaux est exactement la même chose.

En fait, la souffrance animale sert malheureusement souvent de prétexte à des théories beaucoup moins avouables. Dans ce cas précis, la souffrance est un prétexte qui répond aux attentes des « mouvements antispécistes » qui réclament la disparition des animaux de races, car les animaux de races sont issus d’une sélection, et d’après eux toute sélection est un eugénisme qui  rompt l’égalité entre les individus. Les animaux de races seraient d’après eux des « nobles dégénérés » et comme on a mis fin jadis à la noblesse, il faudrait pour les mêmes raisons mettre fin aux animaux de races.

Lorsqu’on annonce cela en France, on a du mal à être cru. Et pourtant, en Allemagne, la Ministre verte de l’Agriculture a nommé des « experts » favorables à ces thèses, qui doivent rendre des rapports indiquant « les races à interdire ». De nombreuses listes ont déjà été publiées. Si de nombreux Land refusent pour l’instant de les appliquer, le Land de Hesse, lui , est passé à l’action.
Lorsqu’on sait que l’Allemagne, en 1933, s’en prenait déjà à des « races » humaines qu’elle avait qualifiées de « dégénérées » (juifs, tsiganes, etc.) et mit tout en œuvre pour les faire disparaître, on ne peut être qu’effrayé de ce qui est à nouveau en train de se passer.

Le radicalisme, par sa totale irrationalité, entraîne toujours le même type de catastrophe, même s’il se cache sous les habits de la démocratie.

La majorité des Français espère que les hommes politiques, cette fois parfaitement informés de la face sombre de la convention européenne pour la protection des animaux de compagnies, comprendront que refuser de ratifier cette convention n’est pas un acte anti-européen ; mais au contraire un acte de courage, pour dire à l’Europe : lorsque les technocrates manipulés par les lobbies exagèrent, nous élus du peuple nous refusons de les suivre.
Les dernières élections ont prouvé que l’Europe commençait à être détestée par une très grande partie des citoyens qui ont exprimé leur exaspération.
Il est urgent de s’interroger sur l’une des cause majeure de cette détestation : les Français en ont assez que tous les aspects de leur vie quotidienne soient ultra-réglementés par des législations exagérées ou ridicules, qui, de plus,  peuvent engendrer des conséquences graves telles que celles décrites ci-avant.

Comment voulez-vous que les citoyens aient encore confiance en l’Europe, lorsqu’ils voient que celle-ci s’occupe plus d’une conception bien particulière de la « protection des animaux », que de la protection des emplois qu’ils sont souvent en train de perdre ?

L’Europe a oublié que les éleveurs amateurs sont quelques millions en Europe (exemple : 300.000 éleveurs amateurs d’animaux de basse-cour en Allemagne, 8 millions de foyers français possèdent des poissons…), alors que « défenseurs radicaux de la protection animale » ne sont qu’une poignée d’activistes.

Refuser de ratifier cette convention, c’est aujourd’hui un acte de courage pour inviter l’Europe à réfléchir aux causes de l’exaspération des citoyens, qui sont souvent légitimes.
Refuser de ratifier cette convention, c’est inviter l’Europe à se ressaisir .
 

LES CONTRATS DE SAUVEGARDE DES ESPECES RARES PAR L’ELEVAGE (C.S.E.)

Volet « races et variétés domestiques en voie de disparition »

(ProNatura)

La France est peut être, en volume, le deuxième exportateur mondial de produits agricoles, mais sa plus grande richesse réside dans la diversité de ses terroirs et de ses anciennes races et variétés d’animaux et de végétaux.
Dommage qu’elle ne le sache pas encore.
Cette richesse économique et culturelle est pour l’instant très largement inexploitée.
Elle pourrait être beaucoup mieux mise en valeur.

Des contrats donnant aux Régions le pouvoir de sauvegarder et valoriser leur patrimoine vivant en partenariat avec les milliers de citoyens éleveurs amateurs ou éleveurs professionnels et les scientifiques de l’Etat sont aujourd’hui l’outil indispensable pour mener tout à la fois une politique dynamique de préservation de la biodiversité, et sauver de la disparition toutes ces races en les faisant revivre grâce à la tradition culinaire française.
 

I-Un impératif écologique : préserver notre patrimoine national .

A-Une prise de conscience : les races et variétés de terroirs portent la « variabilité génétique », c’est à dire la biodiversité.

L’écologie, ce n’est pas une matière abstraite réservée à l’extrême gauche, ou à des savants chenus, c’est tous les jours que les Français peuvent la vivre en adoptant certains comportements appropriés.
La France est depuis toujours la patrie de la bonne cuisine.
Quoi de plus agréable, au lieu de toujours culpabiliser les Humains, que de leur faire apprécier l’importance de la biodiversité, principe de base de  l’écologie, en mangeant bien ?

Se pencher sur nos erreurs :
Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, le leitmotiv productiviste, justifié à l’époque par la nécessité de nourrir une population en pleine expansion, fit que la production passa au stade industriel (« hors sol ») et ne se concentra que sur quelques souches d’hybrides les plus productifs. Une décision politique dont on ne mesure qu’aujourd’hui, à la lueur des connaissances actuelles qui ont révélé l’utilité de protéger la biodiversité, les graves conséquences.
Les centaines de races qui faisaient alors toute la diversité de nos terroirs faillirent disparaître si elles n’avaient été sauvées par des particuliers désintéressés en tant qu’animaux domestiques, de compagnie ou d’ornement ( c’est le cas de notre célèbre coq gaulois) dans les basse-cours familiales. Il serait juste que la société du 21ème siècle reconnaisse que ce geste qualifié par certains à l’époque du « conservatisme entêté », cette « résistance à la mode » fut utile, et permit in extremis d’éviter leur irrémédiable disparition.
Il serait juste qu’elle le mette au crédit des éleveurs amateurs.

Mais depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts. Le monde politique et une très grande partie de l’opinion publique commencent à prendre conscience  de la nécessité de maintenir la biodiversité, des espèces sauvages, ou des espèces domestiques. Un récent rapport de l’Organisation des Nation Unies pour l’alimentation et l’agriculture (F.A.O.) l’a rappelé :
« La sélection naturelle et humaine a donné des milliers de races génétiquement différentes d’animaux d’élevage, adaptées à une très grande diversité des milieux naturels. Le maintien de cette diversité permet en effet de sélectionner, en fonction des circonstances, des animaux capables de résister à diverses maladies, de s’adapter aux changements climatiques ou de répondre aux attentes des consommateurs ». « Faute de mesures adéquates, plus de 2200 races domestiques pourraient disparaître dans les 20 années à venir, soit plus d’un tiers des quelques 6400 races de mammifères et oiseaux d’élevage actuellement recensées dans le monde , ce qui engendrerait, notamment pour les pays en voie de développement des conséquences graves ».

L’hyper productivisme a conduit à l’hyper spécialisation des races animales sur un seul critère (ponte, chair, ou lait) au détriment de leurs autres qualités.
Aujourd’hui, on réalise l’erreur qui a été faite, et on recherche à nouveau des races de terroirs à plusieurs fins, notamment parce que celles-ci sont plus rustiques et résistent mieux aux maladies, ce qui évitent l’abus d’antibiotiques ou traitements pesticides, fongicides lourds, etc.
 

B-Créer de nouvelles richesses tout en renforçant la tradition culinaire de la France

L’Agriculture est en train de changer de visage. Demain l’Europe encouragera une agriculture plus respectueuse de l’environnement et du bien-être animal, mais surtout ce qui est essentiel à nos yeux, l’accent sera mis sur la qualité des produits, leur spécificité et leur reconnaissance étant seules susceptibles d’assurer leur débouchés, et un revenu intéressant et durable pour des éleveurs sérieux.

Nos vieilles races d’antan seront bientôt à nouveau à la mode, car elles répondent à ces deux critères : qualité (de la chair, du lait, etc.) et richesse d’un patrimoine génétique unique (qui les rend particulièrement bien adaptées au sol, au climat, aux contraintes, …, d’un terroir).

Beaucoup d’entre nous ont eu un rêve : pouvoir ouvrir un restaurant dans lequel, comme on commande un Saint Emilion ou un Pommard on pourrait commander une géline de Touraine ou une poule de Marans, un steak de cheval Comtois ou de Percheron, un steak de vache limousine, un gigot de mouton solognote ou un rôti de porc basque. La traduction de ce rêve est que la diversité des races et variété anciennes de terroir est comparable à la diversité des vins.
Nous créerions de nouvelles richesse si nous étions capables de réhabiliter et d’individualiser les races anciennes, en les rendant, pour le grand public synonyme de terroir et de qualité, par exemple sous la forme de label ou d’appellation contrôlée.
 

II-Les C.S.E. doivent remédier aux difficultés technocratiques actuelles qui menacent de disparition rapide les races d’animaux que nous avions pourtant sauvées.

A-Le problème des vaccinations : il faut assurer une vaccination des animaux des éleveurs amateurs moyennant un coût réduit

La vaccination est le seul moyen d’éviter la propagation rapide d’épidémies.
Les éleveurs amateurs, qui tiennent à leurs animaux comme à la prunelle de leur yeux, y sont très attachés et vaccinent eux mêmes leurs animaux avec les vaccins actuellement disponibles.
Cependant, deux problèmes se font jour :
1°) Certains vaccins ne sont pas disponibles en petites doses. (par ex : – de 1000 doses).
Or, un éleveur amateur n’a souvent que quelques dizaines d’animaux à vacciner.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, alors même que l’éleveur souhaiterait pouvoir protéger ses animaux, il ne peut le faire pour certaines maladies.

2°) Le Ministère de l’Agriculture a exigé très récemment (avril 2002) que les animaux qui participent à des expositions (concours de beauté, championnat et présentation au grand public) soient vaccinés contre la maladie de Newcastle et la para -influenza par un vétérinaire et non par l’éleveur lui même, moins de 5 jours avant l’exposition, sous peine de sanctions pénales.
Cette décision dictée sous la pression de l’actualité est le type même de décision mal pensée imposée d’en haut sans concertation avec les acteurs de terrain. Les populistes ont ensuite beau jeu de dénoncer la « technocratie qui n’y connaît rien », et de faire de bons scores aux élections.
Malheureusement, c’est effectivement le type même de décision vraiment technocratique, qui parce qu’elle méconnaît la réalité économique , aura de très graves conséquences immédiates.
Aucun éleveur amateur, qui expose trois pigeons ou autres à 9 euros en moyenne, ne peut se permettre en l’état actuel des choses, de faire venir chez lui un vétérinaire qui va lui demander, pour les vacciner entre 30 et 45 euros.

Cette situation est intenable, si elle perdure, cela signifie la fin des expositions avicoles qui sont pourtant un haut lieu de convivialité où se rencontrent les éleveurs pour s’échanger et acheter des animaux, où ils font examiner leurs animaux reproducteurs par des juges-spécialistes qui leur donnent des conseils pour la sélection et où ils sont heureux de faire connaître leur passion au grand public.
Une telle décision, aussi banale et mal pensée soit-elle, aura une conséquence immédiate grave : la disparition dans les cinq  ans des races d’animaux de terroirs à faible effectifs, que nous avions pourtant sauvés.

Dans le cadre des C.S.E. , deux décisions pourraient aisément être mises en œuvre :
soit qu’un témoin de moralité (par exemple le président d’un club local ou son délégué) signe la feuille attestant qu’il a vu l’éleveur vacciner devant lui.
soit qu’un protocole puisse être signé avec un syndicat vétérinaire pour que les animaux des éleveurs amateurs puissent être vaccinés, comme cela se fait dans certains pays comme le Luxembourg et l’Allemagne, moyennant un coût réduit adapté à la valeur de l’animal (environ 45 centimes d’euros soit 3 francs pour les volailles et lapins, beaucoup plus bien sûr pour les ânes, caprins etc.)
 
 

B- Le problème des transports d’animaux : le convoyage des animaux est une nécessité vitale pour les éleveurs amateurs sélectionneurs, un service public qui doit continuer à être assuré.

Jadis, l’absence de réglementations concernant les transports d’animaux a conduit à des excès dont nous avons tous encore en tête les images choquantes.
La prise en considération de la sensibilité des animaux impose de leur assurer un certain bien-être lors de leurs transports.
Cependant, nous sommes aujourd’hui en train de tomber dans l’excès inverse : l’excès de réglementations mal pensées nuit tout autant que l’absence de réglementations.
Il s’agit de trouver un certain équilibre en prenant en compte les avis de toutes les parties.
Et non pas seulement les avis des seules associations qui se disent « défenseurs des animaux » et dont les plus radicales poursuivent non pas un objectif de « protection des animaux », mais un objectif de « libération des animaux », ce qui est très différent.
D’ailleurs, en Angleterre, le Front de libération des Animaux affirme dans ces tracts, que le meilleur moyen de mettre fin aux animaux de boucherie de races « torturées » et de multiplier les normes pour en empêcher le transport.

En aviculture notamment, parce que les effectifs de la plupart des races anciennes sont menacés d’extinction et les particuliers éleveurs, souvent éloignés, il y a besoin de s’échanger ou se vendre des animaux reproducteurs pour éviter une trop grande consanguinité, et ce à toute époque de l’année, selon les besoins.

Depuis peu, la multiplication de normes totalement ubuesques a conduit les compagnies qui convoyaient habituellement les animaux des éleveurs amateurs, soit à ne plus accepter ceux-ci, soit à multiplier les prix par deux ou trois. Aujourd’hui, pour expédier un coq qui vaut peut-être 12 euros, il faut souvent débourser jusqu’à 40 euros. Cette situation n’est pas tenable économiquement pour la plupart des éleveurs amateurs, qui sont souvent des personnes de condition modeste.
Si les sociétés de transports ne convoient plus le lapin « gris du bourbonnais » de Mr X, le canari « frisé parisien » de Mme Y, ou le chat « Chartreux » de Mlle Z, cela ne doit pas prêter à rire, mais cela aura des conséquences graves : il n’y aura plus d’expositions nationales, plus de saillies, plus de cessions ou d’échanges d’animaux visant à éviter la consanguinité.
Et dans les 10 ans qui viennent, des centaines de races d’animaux domestiques, déjà souvent menacées d’extinction, disparaîtront définitivement.
Observez le paradoxe : au nom de la protection des animaux, on est en train de détruire des dizaines de races qui auraient pu pourtant continuer à être sauvegardées par les amateurs.
Et on va à l’encontre même des recommandations de l’ONU sur la biodiversité visant à sauver ces races déjà menacées.
 

Dans le cadre des C.S.E., plusieurs solutions de bon sens pourront être mises en place :
1°) L’Etat a imposé aux chauffeurs des sociétés de transports (Express, Sernam, etc.) des formations lourdes spéciales « transport animaux » afin que les transporteurs assurent un certain bien-être. Cela part d’une bonne intention.
Mais ces compagnies, pour qui le  transport des animaux des éleveurs amateurs est une activité marginale qui leur rapporte peu, refusent de payer ces formations, ce qui se comprend. Et donc ne convoient plus les animaux des éleveurs amateurs.
La solution pour promouvoir une véritable politique du bien être animal est la suivante :
L’Etat doit prendre en charge le coût de ces formations spéciales qu’il a imposé, sans surcoût pour lui,  en prélevant les fonds sur le budget « protection animale » du Ministère de l’Agriculture .

2°) A l’ère de la mondialisation et de la rapidité des communications et des transports, il est tout de même incroyable, que la France soit coupée en deux : il est devenu impossible pour les citoyens du Nord et de l’Est d’expédier leurs animaux dans le Sud Ouest et inversement.
La raison : l’Europe a imposé que les animaux ne voyagent pas plus de 8 heures.
Si cela peut se comprendre pour certaines espèces de grandes tailles pour lesquelles doivent être prévues des aires de repos, beaucoup d’autres espèces en revanche (comme les poissons reproducteurs, les lapins, etc.) doivent être transportées le plus vite possible parce qu’elles souffrent plus de l’arrêt que du transport. Et de toutes façons les voyages en France métropolitaine n’excèdent jamais 12 heures, ce qui est supportable par toutes les espèces (si le camion n’est pas arrêté en plein soleil bien sûr).
C’est être arrêtées dans un endroit inconnu, puis être recapturées 12 heures plus tard qui créerait pour ces espèces le plus de stress. Et qui dit stress, dit organisme fragilisé et souvent ensuite apparition de maladies.
Qu’aucune partie du territoire national ne soit coupée d’une autre est un principe de base de l’aménagement du territoire.
Le SERNAM était une entreprise publique, qui assurait le service public des transports.
Si aujourd’hui, les entreprises privées refusent d’accomplir ce service de transport des animaux des particuliers amateurs, moyennant un coût qui ne soit pas prohibitif, c’est à l’Etat de discuter avec elle pour comprendre les motifs de ce coût très élevé (en réalité il existe aujourd’hui un monopole de fait=toutes les entreprises appartiennent au même groupe).
S’il n’est pas justifié, cela appelle des sanctions, s’il l’est, notamment pour les régions les plus éloignées, une certaine quote-part pourrait être prise en compte dans le cadre de la politique d’aménagement du territoire.

3°) Sous la pression de minorités d’activistes qui savent faire du lobbying, l’Europe n’en finit plus d’adopter des réglementations toujours plus ubuesques. Elle donne le bâton pour se faire battre à ses adversaires qui ont beau jeu de souligner ces « absurdités technocratiques ».
Elle est en train de se faire détester par une part toujours plus grande de nos concitoyens.
Pour protéger l’Europe de ses dérives, il faudra à certains moments avoir le courage de la mettre en garde et de lui dire non.
Ainsi le Conseil de l’Europe est en train de discuter une convention pour protéger les lapins.
Certains représentants de certains pays souhaitent interdire l’exposition des lapins dans des manifestations publiques parce que cela d’après eux les ferait souffrir.
 Cela veut dire en réalité que seraient interdits les lapins dans les cirques, les lapins pour les magiciens et les expositions (concours de beauté) avicoles et cunicoles.
Si l’Europe est capable de se ridiculiser à ce point, (interdire les lapins pour les magiciens), comment voulez vous qu’elle puisse encore inspirer confiance à nos concitoyens ?
La même convention souhaite également  interdire le tatouage des lapins et interdire de les transporter plus de 4 heures. (Le motif : cela les ferait souffrir).
Si ce genre de sottises devaient être adoptées, le courage politique consiste à dire NON, et ne pas ratifier ce genre de convention.

La France, moteur de l’Europe, doit clairement affirmer son attachement à une autre conception de la protection animale : une protection animale non extrémiste, et ouvrir une nouvelle voie écologique en inscrivant ses races de terroirs en voie de disparition dans notre patrimoine national.
 

C - Protéger l’héritage écologique des futures générations : inscrire les races et variétés françaises de terroirs en voie de disparition dans notre patrimoine national.

Il est primordial d’avoir compris qu’il fallait conserver et mettre en valeur notre patrimoine architectural, pictural, archéologique,…, bref ce qu’on pourrait appeler « patrimoine figé »…, mais il serait dommageable de ne pas comprendre à temps qu’il est également nécessaire de protéger et mettre en valeur notre « patrimoine vivant », car tous deux représentent une incroyable  richesse pour la France.

Certains pays, conscients de ce devoir envers les futures générations ont inscrit leurs races de terroirs en tant que « patrimoine national à sauvegarder » dans la constitution.
C’est le cas du Japon avec le célèbre coq Phoenix par exemple.
L’ONU en a fait de même en inscrivant la poule nagasaki au patrimoine mondial de l’humanité, en tant que « valeur internationale à protéger ».

Ces mesures seront bientôt utiles pour protéger ces animaux  des nouvelles revendications ubuesques que développe la branche fondamentaliste de l’écologie.
En Allemagne et en Suisse notamment, des associations qui se sont auto-proclamées "défenseurs des animaux" réclament l'interdiction pure et simple d'élever certaines races d'animaux (aussi bien volailles que chiens, chats, moutons, etc...) parce qu'elles seraient dotées de "handicaps" qui rendraient leur vie quotidienne insupportable et les exposeraient à attraper toutes les maladies qui passent.
Tout le monde semble avoir oublié que la "protection animale"n'est pas composée que de "gentils". Elle n'est pas une et uniforme. Des utilitaristes jusqu'à ceux qui rêvent d'un monde entièrement végétarien, elle recouvre toute une gamme de courants, que l'on pourrait ranger, comme l'a très bien démontré le philosophe Luc Ferry, dans son ouvrage « Le Nouvel Ordre Ecologique » soit dans la mouvance de l'écologie réformiste (ou shallow ecology) soit dans la mouvance de l'écologie profonde ou extrême (deep ecology).

Sur la base de la Convention de Protection des Animaux de Compagnie du conseil de l’Europe, le gouvernement socialiste, sous la pression de la branche fondamentaliste des verts a élaboré une législation qui souhaite interdire ce qu’il appelle les « races torturées ».
 D’après ce que nous pouvons lire, 2003 a été retenue comme date butoir pour publier des listes de races à interdire.
Cela rappelle de bien mauvais souvenirs. Dans certains land, de soi disant experts ont dressé des listes de « défauts génétiques » tellement larges que 70% des races d’animaux que nous élevons (aviculture) y rentrent. Cela a fait dire aux scientifiques qui nous soutiennent que le but réel est de s’en prendre à la notion même de « races » chez les animaux domestiques.
Et nous pensons qu’ils ont raison.

De nombreux membres de la branche fondamentaliste des écologistes (extrême gauche) disent que les éleveurs parce qu’ils sélectionnent les animaux pratiquent l’eugénisme et l’inceste et réclament la disparition des animaux de races qu’ils traitent de « nobles dégénérés ». Le prétexte de la « souffrance » est parfait pour cacher ce qu’ils veulent réellement obtenir.

Si le gouvernement va jusqu’au bout, seront bientôt interdits en Allemagne, par exemple, tous les animaux qui ont des pattes courtes (chiens basset, teckel, poule nagasaki…), les canaris et tous les oiseaux frisés, les poules avec des huppes, des barbes ou des plumes sur les pattes, les animaux albinos, les chats de couleur blanche, les animaux à gènes létaux comme les lapins nains, etc.

Le simple esprit critique suffit à faire tomber des « arguments » aussi ridicules : si ces races d’animaux soi disant « torturées » souffraient et étaient toujours malades, comment se fait-il qu’elles n’aient pas déjà disparu ?

Tout cela pourrait prêter à rire, si le gouvernement allemand, soutenu par des associations dites de protection des animaux, n’avait pas demandé à l’Union Européenne de prendre rapidement une directive interdisant également en Europe les races soi disant « torturées ».

La France perdrait alors une grande partie de son patrimoine génétique, historique et culturel.

La France est un des tout premiers pays touristique au monde. Les étrangers le confirment chaque année : ils aiment notre culture, nos monuments, et la diversité des terroirs et des paysage sur de petites surfaces qui font la caractéristique de la France. La diversité des animaux domestiques est un des éléments de la diversité des paysages. D’autant plus que, bien souvent, ils contribuent à leur entretien.
La diversité des races d’animaux et de végétaux de terroirs portent une part de notre identité culturelle.

Une mesure importante pour protéger ces animaux consisterait à inscrire dans la Constitution le principe suivant : « Les races et variétés françaises de terroirs, partie intégrante de notre identité, richesses de notre tradition culinaire, sont inscrites dans notre patrimoine national.
L’Etat, soucieux de préserver la biodiversité génétique, est responsable de leur sauvegarde et de leur valorisation. ».

De prochaines lois de décentralisation viendront bientôt donner de nouvelles possibilités d’actions aux Régions.
Il est fortement souhaitable de responsabiliser les Régions en matière de sauvegarde de leur patrimoine.
Les C.S.E., en associant Etat, Région, et particuliers seront l’instrument idéal permettant une gestion et une valorisation optimale d’un tel patrimoine, notamment au travers des projets suivants.
 

III-Les C.S.E., des contrats et des projets pour promouvoir une politique dynamique de valorisation de la biodiversité.

A- Une dimension régionale : miser sur la qualité des produits de terroirs, développer de nouvelles filières, renforcer l’identité des Régions.

1-Les structures

Les Contrat de Sauvegarde des Espèce Rares par l’Elevage pourraient être passés entre la Région, les Départements et les clubs de race et les éleveurs qui s’engagent à respecter un cahier  des charges assurant la qualité de l’alimentation et d’installations des animaux, un suivi et des conseils prophylactiques, et la qualité du produit fini.
A cet égard, le projet élaboré par l’Association pour la sauvegarde de la poule de Barbezieux pourrait servir de modèle quant au contenu structurel de ces contrats. Voici un extrait tiré de la revue avicole de juillet-août 1998 : « trois types d’élevage pourront être constitués : d’abord les élevages conservatoires chargés de garder des géniteurs et de les sélectionner pour les concours : leurs meilleurs sujets participeront au programme de sauvegarde. Ensuite viendront les élevages couvoirs, chargés de recueillir les œufs issus des géniteurs sélectionnés : ils assureront le suivi d’un lot test et la production des poussins. Enfin les élevages de production obtiendront des chapons et des poulardes, selon le cahier des charges défini par l’association […]. ».
Tout cela est à discuter bien sûr. C’est le début d’une réflexion. D’autres pistes peuvent être suivies .

Ce qui est intéressant à remarquer, c’est que les CSE associent avec une bonne complémentarité, éleveurs professionnels, éleveurs amateurs et scientifiques.
Les éleveurs amateurs, même s’ils n’en vivent pas financièrement, sont classés en tant qu’ élevages conservatoires, ce qui est en effet leur rôle.
Ils ne sont pas exclus, et cela est important car ces particuliers, souvent passionnés par les animaux de races de leur Région et l’Histoire de leur Région, assurent la promotion de ces animaux auprès de leurs concitoyens qui autrement ne les connaîtraient pas et favorisent ainsi l’identité régionale.
De plus la dispersion de petits groupes d’animaux aux quatre coin des départements, de la Région et même au delà, dans les basse-cour familiales, consiste à appliquer un principe de la sagesse populaire : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Même en cas d’épidémies dans un département, les individus d’élevages éloignés survivront et pourront servir plus tard de base à un repeuplement.
Alors que si tous les individus étaient regroupés dans une seule grande station de sélection, une épidémie pourrait emporter l’ensemble des animaux, faisant ainsi disparaître la race ou variété.

Pourquoi l’intervention des clubs de races est-elle importante ? Pour faire respecter les critères établis par les standards et les critères de qualité.
Si une race de terroir est saisie par un industriel sans contrôle, il existera toujours une menace qu’il « s’arrange avec le standard », modifie l’animal comme bon lui semble et finalement sape les années de travail d’autres plus petits qui, eux, se seront appliqués à reproduire la qualité. Nous venons de connaître un précédent fâcheux avec une race qui pond de gros œufs extra roux, qui a été débaptisée, et dont la sélection ne semble désormais porter uniquement que sur la production d’œufs foncés très hétérogènes, sans aucun souci de la forme, des couleurs et des autres caractéristiques de l’animal.
L’usurpation de nom est également une menace. Il existe, paraît-il, une poule industrielle commercialisée sous le nom de « charollaise » et qui ne ressemble en rien à la véritable poule de race charollaise, qui, elle, pourrait connaître pourtant le même succès que les bovins de son pays, pourvu que sa Région s’en préoccupe un peu.

Il existe bien d’autres régions riches en races et variétés anciennes, comme le Nord, l’Aquitaine, la Normandie et la Région Ile de France (poule gâtinaise, poule de Mantes (la jolie), poule de houdan très réputée pour sa chair…) etc.
Toutes auraient l’occasion, grâce à ces contrats, de  montrer à leurs habitants qu’elles sont dynamiques en matière de protection de leur patrimoine vivant et qu’elles agissent afin de développer des filières qualité .
Tout cela renforcerait la confiance des habitants en l’échelon régional.

2- Développer de nouvelles filières et répondre à la demande d’ « authentique »

a)Développer des micro filières en direction des restaurants

Lorsque nous nous rendons  au restaurant, nous n’achetons pas seulement de quoi satisfaire notre appétit, nous achetons aussi une part de rêve….
Les races et variétés de terroirs qui ont survécu aux années 50-60, n’ont pas le même rendement que les souches industrielles.
Là où il faut 35 jours pour produire un poulet industriel élevé en bâtiment fermé, il faut souvent 90 jours et plus pour produire un poulet de terroir.
C’est d’ailleurs cette vitesse de croissance plus lente qui fait la qualité de la chair.

Cela signifie, par exemple, qu’un poulet de terroir mange plus longtemps et revient donc plus cher à produire.

Ce coût plus élevé de production n’est pas un handicap pour les restaurants où la marge de profit dégagée entre le coût d’achat du produit et le coût du plat final servi est telle qu’elle permet d’absorber aisément ce léger surcoût.
D’ailleurs, les restaurants réputés sont demandeurs de produits de terroirs de qualité.
 Et ils regrettent souvent d’avoir bien du mal à en trouver.
Des grands chefs ont même plusieurs fois organisés avec la Société Centrale d’Aviculture de France, et ses composantes, des concours, où nous avons été heureux de constater que les volailles de races françaises élevées par des sélectionneurs amateurs se classaient parmi les toutes premières.

La France est connue partout dans le Monde pour la qualité de sa cuisine.
Mais cela commence à lui être disputé. Grâce aux CSE, elle pourra garder une longueur d’avance en innovant et même être précurseur en Europe.
Renforcer la tradition culinaire de la France et montrer l’exemple en matière de valorisation de la biodiversité est aujourd’hui possible en mettant à la disposition des restaurants une nouvelle diversité de produits de terroirs de qualité.

En individualisant les races et variétés anciennes et en mettant l’accent sur leurs spécificités et qualité, nous créerons de nouvelles richesses et nous leurs assurerons un avenir prospère.

« Terroir » n’est pas synonyme de chauvinisme mal placé. C’est d’abord l’envie de découvrir d’autres Régions, d’autres paysages, d’autres saveurs qui fait tout l’intérêt du tourisme.
Quel est l’intérêt pour un parisien de se rendre dans un restaurant alsacien, si c’est pour y manger le même poulet insipide que chez lui ?
Les gens ne se rendraient-ils pas dans un restaurant local avec d’autant plus d’envie et de plaisir s’ils savaient qu’ils vont déguster un foie gras issu d’une véritable oie de la race « oie d’Alsace » ou un délicieux pigeon de la race « pigeon mulhousien » et qu’ils ont contribué par ce geste simple à sauver une espèce en voie de disparition ?

b)Ne pas négliger les marchés locaux et l’exportation.

Les marchés locaux, souvent hauts en couleurs, sont l’âme de la France.
 Avec l’aspiration croissante de nos concitoyens  à manger sain, ils connaissent un certain regain d’intérêt.
De nombreuses personnes n’hésitent plus à acheter des produits un peu plus onéreux si ceux-ci sont de qualité et ont du goût.
Ainsi dans la Région de Gournay en Bray (76), par exemple, M. Claude Petit propose sur le marché des lapins de race « normand », une race à la chair aux saveurs très développées, recherchée des gourmets ainsi que des poulets de la véritable race « Gournay », toutes deux malheureusement en voie de disparition.
Non seulement M. Petit en vit, mais il a réussi à faire connaître, sauvegarder et développer ces deux races qui ont aujourd’hui trouvé une clientèle, notamment parisienne, qui n’hésite pas à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour acquérir des produits authentiques et sains .
Cette clientèle n’achète pas un poulet anonyme, elle achète un poulet qui a un nom et la saveur de son terroir. Elle achète un gage de qualité. Elle achète une histoire, une petite partie du meilleur de la France.
Et elle redécouvre que tous les lapins, que toutes les pommes, etc, n’ont pas les mêmes saveurs, ……elle redécouvre le goût.

Les Français ont plus que tous autres toujours eu à l’esprit le danger que représentait l’uniformisation des saveurs.
Le combat contre la malbouffe n’est pas un vain mot.
Les Français ne sont pas contre la mondialisation, ils sont contre les mauvais aspects de celle-ci, et l’uniformisation des saveurs en est un .
Imposer un seul type de produit partout dans le monde et un seul mode d’alimentation qui conduit à un nombre élevé de jeunes obèses, est un danger non seulement pour la santé, mais finalement aussi pour la liberté et pour la démocratie.

L’esprit de résistance des Français peut trouver à s’incarner dans position honnête et dynamique : à l’hégémonie d’un seul produit au goût uniformisé, opposons une multiplication de la diversité des produits de terroirs français de qualité, aux milles saveurs différentes.
Et concilions là avec une sauvegarde de la biodiversité ! C’est cela de l’écologie humaniste !

De toute façon, cette conception de la bonne bouffe et du bon goût est soutenue par de nombreuses personnes partout dans le monde.
En témoigne les exportations de Roquefort aux USA, etc.
Si nous essayons d’être compétitifs en tirant les coûts, donc la qualité vers le bas, nous échouerons car il y aura toujours des pays pour produire à plus bas coût.
Mettons le paquet sur ce qui ne pourra pas être copié : des saveurs issues de terroirs qui ne peuvent pas être reconstitués ailleurs.

Et engouffrons nous dans une nouvelle niche économique : offrons une palette larges représentant la diversité des produits de terroirs de qualité et nous verrons que les exportations s’envoleront, notamment en direction des grands restaurants partout dans le monde.
 

3-Se doter de nouveaux instruments juridiques pour assurer la traçabilité et le succès des produits de qualité.

a)Un logo doit faire apparaître la race de l’animal

ProNaturA-France, la Société Centrale d’Aviculture de France et leurs partenaires souhaitent menée à son terme en partenariat avec le Ministère de l’Agriculture une réflexion sur la possibilité de créer des « appellations » protégeant juridiquement les races pures telles que définies par nos ancêtres dans nos standards.
Il serait souhaitable que la race de l’animal, synonyme de qualité aux yeux du consommateur, soit valorisée par un logo distinctif sur le produit lui même, faisant apparaître clairement, par exemples « vache de race aubrac », « vache de race limousine », « mouton de race boulonnaise », « dindon rouge des Ardennes », « poulet de race faverolles », etc.
Protéger et valoriser intelligemment par ce biais, les animaux de races en voie de disparition, sont deux actions nécessaires.

b)Créer une nouvelle appellation « Produit de Région, produit de notre identité »

A l’inverse, il s’agit de ne pas tomber dans l’excès contraire et d’éviter de rééditer ce qui s’est passé pour la poule de Bresse. Celle-ci est protégée par une AOC, et ne peut s’appeler Bresse que si elle est produite en Bresse. Pour la produire ailleurs, il faut la débaptiser et l’appeler « Gauloise ». Pour reprendre une réflexion perspicace de Jean-Claude Périquet, issue de son livre culte « Le Grand Livre des Volailles de France » : « C’est une loi tout à fait curieuse. Imaginons un instant que la Marans ne puisse porter ce nom qu’en Charente Maritime, la Bourbourg que dans le Nord, la Meusienne que dans la Meuse… et ainsi de suite pour toutes les races d’animaux domestiques; ce serait pour le moins ridicule ». J’ajouterai que si on était obligé d’interdire le nom de charollaises à toute les vaches charollaises qui ne sont pas produites en Charolles, il y aurait une petite révolution.
Et pourtant, il existe une solution simple qui pourrait arranger tout le monde :
1°) Le nom « Véritable Bresse-AOC » pourrait être réservé uniquement aux volailles de race
Bresse produites sur le terroir de Bresse avec les contraintes spécifiques de l’AOC.
2°)  Il existe d’excellents éleveurs de volailles Bresse en Région Rhône-Alpes, hors du terroir de la Bresse. Eux pourraient bénéficier, avec d’autres produits, d’une nouvelle appellation : « Produit de la Région [X ou Y] , produit de notre identité »

Cette dernière appellation est une idée à creuser. L’AOC  et le label rouge sont certes des marques de qualité, mais elles sont parfois inadaptées à un certain nombre de produits. Les Régions peuvent être légitimement fières du savoir-faire de leurs habitants et de produits qui trouvent parfois leur origine dans des temps immémoriaux. Le miel du Gâtinais ne peut peut-être pas prétendre à l’AOC, mais pourquoi ne pourrait il pas s’inscrire, par exemple, sous cette nouvelle appellation « Produit de la Région, produit de notre identité », en même temps que la poule de race gâtinaise, etc. La décentralisation ne serait qu’une lettre morte si elle n’était accompagnée d’actions concrètes destinées à populariser l’identité régionale dans l’esprit des citoyens.

4-Créer ou soutenir des fermes conservatoires ouvertes au public.

Il en existe déjà quelques unes dans certaines régions, qu’elles soient d’initiative publique ou privée.
La Région Poitou Charentes s’est montré particulièrement dynamique, notamment en créant l’Asinerie Nationale pour sauver le Baudet du Poitou. Conduite de mains de maître par un personnel compétent et dynamique, elle attire chaque année des centaines de touristes, mais aussi des enfants des écoles pour une belle leçon de protection de la Nature, de découverte, et de respect des animaux.
Il conviendrait :
a)De créer des fermes-conservatoires là où il n’en existe pas encore grâce au Conseil Régional de façon à présenter au grand public les animaux et les végétaux  typiques de la Région.
D’assurer la validité financière de ces conservatoires en entretenant des noyaux de reproducteurs de races et variétés pures et en proposant à la vente, des jeunes ou des graines, aux particuliers ou aux agriculteurs qui souhaitent en acquérir.
De proposer des plats préparés avec ces produits de terroirs et d’installer un point vente permanent où les agriculteurs et éleveurs, engagés dans la démarche C.S.E., pourront mettre à la disposition du public leurs produits.

b)D’encourager les écomusées à présenter des animaux et des plantes de la Région, et à créer des vergers-conservatoires.
c)D’organiser en réseaux l’ensemble des conservatoires existant, pour qu’il puissent partager leur expérience et leur savoir-faire, et de leur apporter une aide financière et une assistance technique pouvant provenir notamment du Bureau des ressources génétiques.

B-Une dimension nationale : mettre en œuvre la Charte Nationale pour la gestion des Ressources Génétiques et montrer l’exemple en Europe.

1-La France est pionnière en matière de conservation de la variabilité génétique

La France, ainsi que plus de 160 autres pays, a ratifié la Convention sur la Diversité Biologique. De plus, elle participe à la mise en œuvre du Programme Mondial pour la gestion des ressources génétiques des animaux d’élevage lancé par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation).
C’est dans ce contexte et préoccupée aujourd’hui par le maintien sur le long terme de la diversité génétique au sein des races que la France a mis en place une stratégie nationale de gestion des ressources génétiques animales, végétales et microbiennes confiée au Bureau des Ressources Génétiques (BRG).
Cette stratégie a déjà aboutit à la création d’une Cryobanque nationale ayant pour objet la conservation par cryogénisation d’ovocytes, de spermes et de semences, etc. qui pourront être utilisés plus tard dans des programmes de sauvegarde.
Mais il apparaît désormais nécessaire de mener une politique écologique beaucoup plus ambitieuse et de donner au BRG des objectifs et des moyens nouveaux.

2-Passer de la conservation à la valorisation économique

a)Création d’un observatoire de la biodiversité génétique

Le BRG a, avec peu de moyens, mais beaucoup de compétences, remplit la première phase de sa mission : essayer de sauver ce qui pouvait encore l’être en espérant qu’un jour ces différentes races et variétés pourraient renaître, intéresser à nouveau l’économie et retrouver le chemin de nos fermes.
Parce que la Société est aujourd’hui prête  à passer du tout « quantitatif » à plus de  « qualitatif », une nouvelle phase doit être mise en œuvre : celle de la valorisation économique.
Des initiatives dispersées et non coordonnées aboutiraient à un fiasco.
Une nouvelle mission pourrait être confiée au BRG : engager une démarche d’ensemble auprès de toutes les Régions, dans le cadre de l’opération « trois années pour sauver la biodiversité domestique » afin de relancer ou de trouver de nouveaux débouchés commerciaux et de nouvelles filières aux « nouveaux produits de terroirs ».
Mais parce que le BRG ne peut tout faire seul et sera en relations avec de multiples partenaires, il convient de créer une structure plus large afin de rassembler les différents acteurs intéressés par la gestion des ressources génétiques et leur valorisation notamment économique : la création d’un observatoire de la biodiversité génétique répond à ce double besoin .
C’est dans le cadre de cet observatoire que pourront être signés les C.S.E. (Contrats de Sauvegarde des Espèces Rares par l ‘Elevage).
Un C.S.E. s’apparente à un programme d’élevage pour une  race ou une variété (tels qu’ils existent pour les programmes européens d’élevage d’espèces non domestiques).
Tout CSE comportera un premier palier minimum  avec quatre actions :
un recensement annuel des effectifs à une date déterminée (par exemple le 1er janvier)
la désignation d’un délégué par race dans chaque groupe pilote du BRG (il existe un groupe pilote par espèce au sein du BRG).
la publication d’une base de données nationale France sur la situation des ressources génétiques par espèce au minimum tous les deux ans.
La création d’un répertoire national des éleveurs, classés par races et par variétés, qui possèdent au moins deux mâles et 6 femelles reproducteurs de la même race et qui sont d’accord pour céder des jeunes ou des adultes aux particuliers ou aux agriculteurs.
Les grandes fédérations d’éleveurs, qui sont déjà partenaires du BRG se sont prononcées favorablement pour la création de cet observatoire et souhaitent y participer activement.
Cependant, et comme il a été dit ci avant, la présence des clubs de races est un plus indispensable pour la mise en œuvre de ces contrats, notamment pour tout projet porté par une Région en partenariat avec un club de race.
Dans l’hypothèse de contractualisation avec une Région, la présence d’autre acteurs est envisageable.
A cet égard, nous aimerions citer un projet économique et touristique viable dont nous espérons qu’il verra rapidement le jour et qui pourrait servir d’exemple aux autres départements et régions : le projet de création du Conservatoire de la poule de Marans dite « poule aux œufs d’or ».
Porté par le Conseil Général de Charente Maritime, la ville de Marans et le Marans Club de France, il a pour ambition de faire revivre la Marans dans son berceau d’origine, et pour mission, notamment :
 -de conserver et de développer les différentes variétés de Marans,
 -de mettre à la disposition des éleveurs des sujets de races pures répondant aux critères des standards de chacune d’elles,
 -d’animer un centre de formation et d’information,
 -d’expérimenter une ferme artisanale avicole de poules et/ou de poulets de chair sur laquelle le  conservatoire s’appuierait pour aider à implanter des fermes artisanales avicoles autonomes ou en complément d’activités agricoles. Le tout, et cela est très important, répondant à un cahier des charges rédigé conjointement par le Marans Club de France et l’Institut Régional de la qualité Agroalimentaire de Poitiers.
La présence d’instituts de qualité agroalimentaire est incontestablement un gage de sérieux.
Grâce à cet exemple, nous réalisons que d’autres paliers de CSE peuvent être mis en œuvre :
Création de fermes « conservatoires », centre de formation et informations, aide à l’implantation d’activités venant en complément d’activités agricoles ou encore répartition des élevages en trois groupes ou développement de nouvelles filières pour les restaurants ou marchés locaux, comme vus précédemment.

Pour une meilleure efficacité et un suivi optimal, l’ensemble de ces actions doit être coordonné au sein d’un seul organisme : l’observatoire de la biodiversité génétique.

b)Soutien à la biodiversité pour les agriculteurs ayant signé des CTE.

Un certain nombre d’agriculteurs a signé des Contrats Territoriaux d’Exploitation  afin d’être justement rémunérés pour une démarche visant à récompenser le rôle qu’ils jouent dans le développement rural, l’entretien des paysages et l’engagement pour une agriculture raisonnée.
Aujourd’hui, par exemple, l’élevage des chevaux de trait ou des ânes périclitent car ces animaux coûtent plus chers (en nourriture, soins, etc.) à leur propriétaire que ce qu’ils leur rapportent. Et faute aussi souvent de débouchés suffisamment stables dans le temps.
Pourtant, il n’est pas insensé de penser que ces élevages pourraient connaître un certain succès s’ils obtenaient une aide technique et au début financière pour développer ces nouveaux créneaux.
Les pays du Moyen Orient sont très demandeurs d’ânes et de mules. Les USA  sollicitent très fréquemment les éleveurs français pour des exportations d’ânes, mais ne trouvent pas suffisamment d’offres.
L’aide technique et de mise en œuvre de nouvelles filières pourrait être réalisée  grâce aux CSE.
L’aide financière pourrait également venir, pour les agriculteurs professionnels en ayant déjà signé, des CTE. En effet, il est tout à fait normal que quelqu’un qui a fait l’effort d’adopter une race de terroir, dite moins productive qu’une souche industrielle, et qui voit donc ses revenus baissés, voit son effort récompensé par une aide visant à compenser la baisse de ses revenus.
Plutôt que de distribuer à tort et à travers des subventions ayant pour but d’inciter à ne pas trop produire, pourquoi ne pas instaurer une « prime à la biodiversité » récompensant les agriculteurs qui diversifient leur production et s’engagent à faire revivre les anciennes races et variétés de terroirs ?

c)L’indispensable concours de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)

Selon certains observateurs, l’INRA chercherait en ce moment à changer, dans l’esprit du grand public, l’image de chantre du productivisme que certains lui ont fait coller à la peau.
C’est pourquoi il se serait lancer dans l’étude des différents aspects de la protection animale et du bien-être animal.
Malheureusement, le bien-être animal est une notion subjective . Et il est aujourd’hui récupéré par certains  mouvements extrémistes et/ou violents de « libération animale ».
Mais la protection animale, ce n’est pas que le bien-être.
Protéger les animaux, c’est aussi les empêcher de disparaître.
A quoi sert-il de discuter de ce qui est bien ou pas pour eux, si ces animaux ont disparu ?
La protection de la biodiversité génétique est donc un aspect important de la protection animale.

Dans le cadre d’un contrat RESGEN signé avec l’Union européenne, l’INRA a déjà réalisé un excellent travail de caractérisation (des différents gènes) des races de lapins.
Ce travail est indispensable pour comprendre l’histoire, la filiation, les caractéristiques, les forces ou les faiblesses des différentes races.
Il serait bon que dans le cadre des C.S.E., ce travail puisse être étendu aux autres espèces.
Mais l’INRA pourrait être également très utile en organisant des plans de prophylaxie et en aidant les éleveurs à sélectionner des animaux résistants aux maladies.
Si elle pouvait aider à comprendre en raison de quelle particularité génétique, une race est bien adaptée aux contraintes de son terroirs (climat, sol, etc.), et ce qu’il faut faire pour maintenir cette particularité ou la renforcer, l’INRA aurait pleinement joué son rôle au service de la biodiversité. Et si cela pouvait éviter l’abus d’antibiotiques, le but de préservation de la santé publique serait pleinement atteint.
 

La caractérisation génétique pourrait également expliquer le pourquoi des différentes saveurs.
Les C.S.E. pourraient associer l’INRA, les éleveurs et les grands cuisiniers pour réaliser des tests « en aveugle » et sélectionner les animaux et les plantes qui ont le goût si savoureux de leurs races ou variétés. Le concours général agricole, entre autres,  retrouverait un intérêt certain.
La sélection ne doit pas porter uniquement sur des considérations de rapidité de croissance ou de rendement, elle doit également porter sur le goût, car c’est la valorisation de produits de qualité aux goûts différents qui fera renaître l’intérêt pour les produits de terroir.
 

C-Une dimension européenne : favoriser l’intégration européenne, l’amitié entre les peuples et le rayonnement culturel de la France.

1-La sauvegarde d’espèces rares par des particuliers « éleveurs amateurs » favorise l’intégration européenne.

Il y a un phénomène dont bien peu de dirigeants européens  ont conscience : l’élevage amateur aide grandement la construction européenne.
Il est déjà source de brassage social puisque dans les associations d’éleveurs, l’ouvrier côtoie l’avocat; et toutes les catégories socioprofessionnelles sont représentées et se retrouvent pour discuter.
Il est aussi source d’intégration européenne.

En effet, les éleveurs amateurs d’animaux domestiques et non domestiques réalisent des expositions communes. Certains n’hésitent pas à faire des centaines de kilomètres à travers l’Europe pour aller visiter un autre amateur qui élève la même espèce que lui, prendre des conseils, ou s’échanger des animaux.
Des amitiés authentiques sont nés entre éleveurs amateurs de pays différents.
C’est un mouvement de grande ampleur.

Etre européens, c’est être avant tout solidaires.
Cette  passion  commune pour les animaux est un exemple pour l’Europe et l’amitié entre les Peuples.
 
 

2-Les C.S.E. pourraient être mise en oeuvre au niveau européen.

C’est peut-être un paradoxe, mais les effectifs de certaines races françaises sont plus élevés dans d’autres pays de l’Union Européenne qu’en France elle même. (C’est le cas de la poule La Flèche ou la poule Faverolles par exemple).
Il existe même dans d’autres pays membres de l’UE des citoyens qui sont tellement francophiles qu’ils se rassemblent au sein de clubs spécialisés dans l’élevage des animaux et plantes de races françaises. Ils viennent visiter leurs homologues en France , font des échanges, etc .
Cela participe au rayonnement culturel de la France.

Réciproquement, et parce que les éleveurs amateurs, du fait de ces multiples rencontres, sont devenues des personnes à l’esprit ouvert et tolérant, il existe en France des clubs spécialisés dans l’élevage d’animaux d’autres pays de l’UE (par exemple le club des éleveurs de pigeons de races ibériques qui est très actif en France).

Tous ces échanges participent fortement à l’esprit européen et à la construction européenne.
C’est la raison pour laquelle les dirigeants des associations d’éleveurs amateurs ne comprennent pas du tout la mauvaise orientation actuelle de l’Europe qui semble donner systématiquement raison à des mouvements qui se sont autoproclamés « défenseurs des animaux » et qui sont en train de lui faire adopter de nouvelles réglementations excessives qui conduiront à la disparition rapide de toutes ces races que nous avions pourtant sauvées. (Et notamment l’interdiction grotesque des races soi disant « torturées »).

C’est dans ce contexte difficile que tous les dirigeants européens des associations d’éleveurs amateurs et autres vont essayer de lancer une opération médiatique intitulée « Trois années pour sauver la biodiversité domestique ».
Le but est de faire prendre conscience aux hommes politiques et à l’opinion publique qu’empêcher de disparaître certaines races d’animaux ou de végétaux domestiques est une chose importante et que la préservation de la variabilité génétique est synonyme de biodiversité.
Nous espérons que des journaux ou des chaînes de télévision pourront réaliser de petits reportages pour présenter tous ces animaux au grand public avant qu’ils ne disparaissent définitivement.
Nous espérons mener à bien plusieurs actions et notamment un recensement des effectifs au niveau européen afin d’élaborer un livre rouge des espèces les plus en danger.

Une solution simple et optimale consisterait à adopter des C.S.E. à l’échelon européen.
Toutes les propositions développées ci avant resteraient parfaitement valables et pourraient être menées à bien dans le cadre d’un observatoire européen de la biodiversité génétique où la Fédération Européenne de Zootechnie aurait un rôle prépondérant.

3-Des C.S.E. européens et trois projets pour une écologie européenne humaniste :

a)Jumelage européen entre écoles vétérinaires et lycées agricoles participant aux C.S.E..

Le Ministère de l’Education Nationale est un des partenaires actifs de la Charte Nationale pour la gestion des ressources génétiques.
En France et grâce à lui, des enseignants et élèves des lycées agricoles et des écoles vétérinaires, qui ont très bien compris l’intérêt qu’il y avait à sauvegarder les races de terroirs et qui réalisent cette passion au sein de leur école, peuvent partager cette passion et faire part aux autres de leurs résultats grâce à une revue intitulée Inforé’zoo consacrée aux races locales et à la biodiversité animale.
D’autres pays ont des initiatives similaires.
Pourquoi les C.S.E. n’encourageraient-ils pas des jumelages entre jeunes européens ayant des projets communs autour de la sauvegarde des races en voie de disparition ?

b)Expositions européennes d’animaux et de végétaux rares .

Des expositions européennes existent déjà, pour certaines espèces, mais elles vont disparaître, si la paralysie des transport n’est pas réglée et si l’Europe impose de nouvelles règles sanitaires exagérées.
Un projet européen avait carrément pour but de les interdire, au nom du principe de précaution. Le comité vétérinaire a de justesse donné un avis négatif à ce texte, car exagéré.
Mais il se pourrait qu’il réapparaisse en sous mains, sous la pression des groupes de « protecteurs » d’extrême gauche  qui prônent la disparition des animaux de races.
Or, il faudrait au contraire les favoriser, car elles représentent une rare occasion où des européens de toutes régions et toutes catégories socioprofessionnelles peuvent se rencontrer, discuter de leur passion et s’échanger des animaux.
Le problème des transports pourrait être facilement résolu grâce aux proposition faites plus haut. Quant au problème sanitaire éventuel, il suffirait que la Région accueillante, qui bénéficie directement ou indirectement de la manne financière suscitée par un tel événement (hôtels, restaurants, tourisme), s’engage simplement à rémunérer en contrepartie un vétérinaire inspecteur qui contrôlerait le bon état de santé des animaux durant l’exposition.

c)Des fermes conservatoires ouvertes sur l’Europe.

La création de fermes-conservatoires est un des objectifs des C.S.E..
Les Régions pourraient ainsi présenter des animaux de leurs terroirs au grand public.
Mais il serait également souhaitable, pour aller dans le sens de l’esprit européen, que ces conservatoires  présentent des animaux d’une autre Région européenne qui a des caractéristiques climatiques et géographiques très similaires à elle.
Par exemple, un conservatoire en Haute Savoie pourrait présenter en plus de ses propres moutons Thônes et Marthod et ses vaches Villars de Lans, etc., des animaux de races des Alpes allemandes (coq chanteurs des montagnes, moutons bruns de montagne, etc.)
ou italiennes .
Une région côtière comme la Bretagne pourrait présenter également des races d’Irlande…
En plus de l’aspect découverte et comparaison, il y aurait un intérêt sanitaire à souligner : en cas d’épidémie dans son pays d’origine (fièvre aphteuse ou autre), il resterait des noyaux d’animaux dans d’autres pays épargnés, pouvant servir à reconstituer les troupeaux d’origine.
Et l’esprit de solidarité qui est à la base de la construction européenne n’en sortirait que renforcé.
 
 
 

Conclusion .

L’écologie extrême, par essence pessimiste et pleurnicharde, s’est enfermée dans une impasse : dénoncer les mauvais comportements de l’Homme jusqu’à le détester, au lieu de croire en lui et de lui donner les moyens de s’améliorer.

Il est aujourd’hui, plus que jamais nécessaire de dessiner une nouvelle écologie, une écologie humaniste, qui donnerait à chacun la possibilité de participer à la sauvegarde de notre patrimoine vivant.

Grâce aux C.S.E., la France disposera d’un programme d’actions pour mettre en œuvre de façon dynamique et efficace la Charte nationale pour la gestion des ressources génétiques.
Elle aura réussi à associer des milliers de citoyens provenant de tous horizons à un objectif écologique commun de préservation de la biodiversité . Et elle aura donné un sens concret à son image internationale de « pays du bon goût et de la bonne cuisine ».

Enfin, renforçant sa capacité d’innovations et d’actions, elle aura un nouveau modèle écologique à proposer à l’Europe, un projet associant en douceur le développement durable au meilleur de nos traditions.

N.B. : Le projet C.S.E. est présenté et soutenu par ProNaturA France et l’ensemble des fédérations d’éleveurs amateurs français.
 

LES CONTRATS DE SAUVEGARDE DES ESPECES RARES PAR L'ELEVAGE (C.S.E)

Volet « animaux dits non domestiques »

(ProNatura)


En France, les deux solutions proposées pour régler le débat concernant l’élevage amateur des animaux dits « non domestiques » sont strictement opposées.
La plupart des mouvements "de protecteurs" réclament sans nuance qu'il soit mis fin aux importations "d'animaux exotiques" et même que l'on en interdise la détention.
Ils prétendent que la demande des pays riches est la cause principale de la disparition de ces espèces dans la nature.

Les grandes associations d’éleveurs amateurs prétendent exactement le contraire : nous attirons l'attention sur le fait que depuis la fin du 19ème siècle, et ce, en nombre croissant, des centaines et des centaines d'espèces (poissons, oiseaux , etc.) sont élevées et reproduites en captivité en Europe sans problème par de simples citoyens dont l'élevage amateur constitue le violon d'Ingres, comme d'autres ont pour passion la pratique du football ou la collection de timbres. Un très grand nombre d'éleveurs amateurs a acquis des connaissances scientifiques (notamment en génétique et en diététique) et un savoir-faire incomparable dans la sauvegarde d'espèces rares ou réputées difficiles. Certaines espèces, menacées de disparition dans la nature pour cause le plus fréquemment, de destruction de leur habitat sont tellement répandues en élevage, qu'on peut constater qu'elle sont définitivement sauvées par ce biais.
Nous affirmons que la solution au problème est la suivante :
Seul l'élevage amateur en Europe (confié à des particuliers qui ne recherchent pas le profit, mais sont des passionnés) est susceptible de répondre à la demande et ainsi de faire cesser les prélèvements d'animaux dans la nature.

La Convention de Washington a voulu prendre en compte une telle réalité et a, en conséquence, établi deux régimes:
- un régime strict qui concerne des animaux sauvages, c'est à dire nés dans la nature (vente et transports interdits lorsqu'ils sont classés en annexe 1)
- un régime souple qui concerne les animaux d'élevage, c'est à dire nés et élevés dans des élevages amateurs ou professionnels et qui dit que: "Tout spécimen d'annexe 1 appartenant à la deuxième génération, étant né et élevé en captivité, est considéré comme relevant du niveau immédiatement inférieur à celui dont bénéficie son espèce et peut donc faire l'objet d'un commerce international. Il sera soumis à un régime identique à celui de l'annexe 2".
Tous les autres pays européens voisins de la France ont reconnu officiellement le rôle bénéfique des éleveurs amateurs, au niveau de la sauvegarde des espèces rares, et l'ont encouragé par des programmes d'actions spécifiques et des législations appropriées.
En France, c'est l'attitude contraire qui prévaut. Une poignée de "personnalités" particulièrement bien implantées dans les cercles dirigeants et les médias, a réussi à faire passer ses idées simplistes et extrémistes dans la réglementation.
Il  n'y a pas un texte qui dise : "Tout élevage d'oiseau est illégal". Il y a différentes couches de textes qui établissent des mécanismes qui imbriqués les uns aux autres rendent au final tout élevage d'animaux "non domestiques" illégal.
Pour faire court, en violation du règlement communautaire 939-97, la France ne reconnaît pas la bague fermée inviolable avec numéro d'éleveur (que l'on passe à la patte de l'oisillon lorsqu'il est bébé; puis la patte grossit et on ne peut plus la retirer) comme preuve que l'oiseau est bien né dans notre élevage. Le règlement communautaire, lui, reconnaît cette preuve.
En nous empêchant d'apporter la preuve que nos oiseaux sont bien nés en élevage, l'Administration peut continuer à considérer que tous nos oiseaux sont sauvages, et puisque, par ce tour de passe-passe, nous sommes censés détenir des oiseaux sauvages (= nés dans la nature), ce qui est interdit et passible de 6 mois de prison et 50.000 F d'amende (article L215-1 du code Rural), nous sommes donc forcément des délinquants et des trafiquants.
Et voilà comment on crée de toute pièce le mythe du grand nombre de trafiquants se livrant en France à un commerce juteux afin d'engendrer la réprobation de l'opinion publique. (Aurait on l'idée d'accuser un agriculteur qui vend une génisse née dans son élevage d'être un délinquant et un trafiquant? C'est exactement pareil)

Autre  élément du système répressif : le "certificat de capacité";
C'est une pure invention technocratique française qui n'existe nulle part ailleurs. Pour avoir le droit d'élever ne serait ce qu'un seul animal dit "non domestique" (même s'il appartient à une espèce abondante reproduite en élevage par milliers chaque année) il faut passer un examen devant une commission. Mme Voynet ayant sans doute trouvé l'examen trop simple, elle a pris le 30 juin 1999, un arrêté exigeant que tout particulier non titulaire d'un baccalauréat scientifique, effectue d'abord un stage de trois ans dans un zoo ou une institution élevant cette espèce. Quel particulier aurait pu s'arrêter de travailler trois ans? Comment aurait il vécu ?
D'un seul coup, ce sont des millions d'honnêtes citoyens français qui se sont retrouvés malgré eux hors la loi. Que l'on pense seulement au 3 millions de Français qui ont des poissons dits non domestiques dans un aquarium à leur domicile. Ils seront sans doute ravis d'apprendre qu'ils risquaient 6 mois de prison et 50.000 francs d'amende pour ce délit très grave : posséder un poisson !
Après de multiples interventions politiques, nous avons menacé de porter plainte devant la Cour de Justice des Communautés Européennes. L'exigence des 3 ans de stage a été abrogée le 12.12.2000. Mais toutes les autres exigences totalement irréalistes restent en place.
Chaque année des dizaines et des dizaines d'éleveurs se voient injustement  verbalisés et la plupart du temps laissent tomber l'élevage, n'ayant pas les connaissances et l'argent suffisants pour se défendre devant les tribunaux et faire appel. C'est pourquoi, on peut dire que la législation française actuelle, en faisant la guerre aux éleveurs amateurs au lieu de s'appuyer sur eux a le résultat inverse de ce qu'elle visait : elle accélère la disparition des espèces rares : UN CHANGEMENT S'IMPOSE.

Pour le simple citoyen qui n'y connaît rien à l'élevage, mais qui désire exercer son esprit critique : comment savoir qui des auto-proclamés "défenseurs des animaux" ou des "éleveurs amateurs" dit la vérité ?
En droit, il existe un grand principe que l'on appelle le principe du contradictoire : on doit donner la possibilité à celui qui prétend quelque chose de s'expliquer et d'apporter le preuve de ce qu'il avance.
Les éleveurs amateurs prétendent qu'ils élèvent chaque année des milliers d'animaux non domestiques et que grâce à eux des centaines d'espèces sont sauvées.
Comment leur permettre d'en apporter la preuve ?
Une solution : mettre en place un véritable partenariat entre l'Etat, les éleveurs amateurs les plus compétents et les scientifiques au service de la sauvegarde des animaux d'espèces rares en créant les Contrats de Sauvegarde des Espèces Rares par l'Elevage (ou C.S.E.).
Les C.S.E. reposeraient sur trois élément principaux :
1)- Premier élément : un décret doit reconnaître la notion d’élevage d’agrément et la notion d’animal non domestique né en captivité.
Actuellement, tout particulier qui veut posséder ne serait-ce qu’un animal appartenant à une espèce dite « non domestique » doit ouvrir un « établissement d’élevage », c’est à dire une sorte de société agricole et commerciale, avec toutes les contraintes fiscales et administratives que cela impose.
Cette exigence est exagérée et inadaptée aux millions de Français qui ont des poissons et des oiseaux, etc. à leur domicile en tant qu’animaux de compagnie ou d’ornement.
Il est donc urgent de reconnaître la notion d’élevage d’agrément, c’est à dire un élevage-violon d’Ingres ne poursuivant aucun but lucratif, la nourriture et les soins donnés aux animaux coûtant beaucoup plus chers que le maigre bénéfice tiré de la cession de quelques jeunes.
Par ailleurs, la France doit appliquer le régime souple prévu par la Convention de Washington. Comme tous les autres pays de l’UE, et pour une question de bonne justice et d’égalité des citoyens européens devant le droit européen, elle doit également reconnaître la notion d’animal non domestique né en captivité pouvant faire l’objet de cessions libres.
Elle doit respecter la jurisprudence de la Cour européenne (arrêt Vergy du 8-2-1996), qui a rappelé que  la directive « oiseaux » de 1979 interdit la vente d’oiseaux européens sauvages, c’est à dire prélevés dans la nature. « La directive précitée ne s’applique pas aux spécimens d’oiseaux nés et élevés en captivité », « Les espèces nées et élevées en captivité ne sont pas des espèces sauvages et n’ont pas à être prises en compte… ».

2)- Deuxième élément : création d'un fichier national d'identification d'espèces non domestiques.
Il offrirait au moins trois avantages :a) La reconnaissance d'une identification inviolable (bague ou puce électronique) et son enregistrement garantie une "traçabilité" totale de la naissance à la mort de l'animal et anéantit toute tentative de fraude ou de trafic.
b) On pourra connaître chaque année le nombre d'animaux nés pour chaque espèce.
On sera, dès lors, en mesure de savoir quelles sont les espèces rares qui sont définitivement tirées d'affaire grâce à l'élevage, ou au contraire celles qui sont en perte de vitesse et qui méritent donc une plus grande attention.
c) Grâce au fichier et en moins d'une minute, un éleveur d'une espèce rare pourra connaître la liste des autres éleveurs qui élèvent la même espèce que lui. De cette manière, il pourra leur proposer des échanges d'animaux et ce afin d'éviter la consanguinité, inutile chez les espèces non domestiques, et ainsi participer au 2ème élément.

3)-Troisième élément des C.S.E. : le lancement de programmes internationaux et européens d'élevage d'espèces rares.
Ils existent déjà. Mais en France, la législation ubuesque que nous connaissons rend quasi impossible la participation des particuliers, et donc le succès de ces programmes.
Nous proposons de renverser ce processus :
Il pourrait être établi obligatoirement un programme d'élevage pour les espèces protégées européennes et les espèces d’annexes A/I de la convention de Washington (sauf celles courantes de l’annexe VIII du règlement communautaire), ainsi que subsidiairement et bénévolement pour d’autres espèces qui ne sont pas déjà sauvées par l'élevage (exemple : l’inséparable cana).
Les éleveurs amateurs, intéressés pour sauver une nouvelle espèce (par exemple plusieurs espèces de pigeons frugivores menacées en raison de la destruction de la forêt en Indonésie et aux Philippines) s'inscriraient auprès des associations d'éleveurs. Celles-ci, en partenariat avec les scientifiques qui travaillent déjà avec nous, organiseraient des journées de formation, vérifieraient que les éleveurs possèdent des installations conformes aux besoins de l'espèce et monteraient les programmes d'élevages. Pour les espèces véritablement rares en élevage, ou dangereuses, ou demandant des soins exigeants, un certificat de capacité devrait être passé.
On privilégierait les animaux provenant d’autres élevages et/ou zoos européens, pour ces programmes.  Pour les espèces les plus rares, des animaux pourraient être importés de pays tiers, mais confiés aux éleveurs les plus doués, avec un suivi scientifique et les animaux appartenant aux programmes ne pourraient être cédés que dans le cadre du programme.
Les CSE représentent la seule façon de mettre en place des importations ciblées, intelligentes et utiles, et ainsi de mettre fin aux importations massives parfois inutiles que nous connaissons actuellement, et un suivi des effectifs des différentes espèces dans les élevages.

Des centaines d'éleveurs amateurs, qui n'ont pas pour but le profit, font naître chaque année des milliers d'animaux, qui au fil des générations sont de plus en plus socialisés et parfaitement adaptés à la nourriture et aux conditions climatiques que nous pouvons leur offrir. Grâce  à eux des centaines d'espèces rares dans la nature sont sauvées. L'Union Européenne l'a d'ailleurs reconnu, ajoutant qu'il serait impensable parce que beaucoup plus coûteux (une perruche omnicolore née en Europe vaut 200 F. Le coût du transport pour l'importer d'Australie, reviendrait, si cela était possible, au moins à 300 F) d'aller faire des prélèvements dans la faune sauvage.

L'Etat français doit cesser de considérer les éleveurs amateurs comme des délinquants en puissance et adopter une attitude beaucoup plus intelligente et positive en associant des milliers de citoyens bénévoles à une démarche de protection de la Nature, en reconnaissant le rôle des éleveurs amateurs en tant qu'acteurs de la sauvegarde des espèces par le biais de l'élevage et protecteurs de la biodiversité et en encadrant cette action scientifiquement afin de l'optimiser.
Le Conseil National des Eleveurs, Amateurs, et Protecteurs des Espèces (C.N.E.A.P.E.), ProNaturA-France et l'ensemble des éleveurs amateurs français d'animaux domestiques et non domestiques, pour qui la sauvegarde des espèces rares est un exercice quotidien et constitue une passion, sont prêts à relever ce défi en partenariat avec le gouvernement français, et pourquoi pas sous l'égide de l'Union Européenne.
 

Ainsi la France harmonisera sa législation avec les autres Etats européens; mais grâce aux Contrats de Sauvegarde des Espèces Rares par l'Elevage, elle fera mieux que cela : elle prendra une longueur d'avance en élevant la confiance en l'Homme et sa capacité à s'améliorer, principe premier de l'Humanisme moderne, au rang de principe d'une protection scientifique, efficace et passionnée de la Nature.
 

Pétition

(ProNatura)


Je soussigné, soutiens l’initiative de ProNaturA-France, association de protection animale et de ses 80.000 membres et partenaires, et :

1)Je demande la promulgation d’une grande loi écologique créant les C.S.E. (contrats de sauvegarde des espèces rares par l’élevage), pour associer les particuliers à la protection de la biodiversité.

2)Je souhaite qu’un décret vienne rapidement reconnaître la notion d’élevage d’agrément ou élevage familial et le distingue des établissements d’élevage.

3)Je pense qu’il est juste que la France reconnaisse les moyens d’identification européens inviolables qui permettent de distinguer entre un animal né dans un élevage et un autre prélevé dans la nature (par exemple la bague fermée pour les oiseaux avec numéro de l’éleveur, qui est reconnue par un règlement européen).

4)Je demande au gouvernement de ne pas introduire dans le droit français la Convention du Conseil de l’Europe du 13 novembre 1987, sur laquelle s’appuie la branche intégriste de l’écologie pour réclamer en Allemagne l’interdiction de plusieurs dizaines de races d’animaux qu’elle juge « handicapées » ou « torturées ». (teckels, bassets, bouledogues, chats persans et siamois, oiseaux frisés ou à huppe, lapins nains, poules et pigeons à pattes emplumées, …..).
 
 
 

NOM  PRENOM (éventuellement profession)
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(ProNatura)